Vingt ans après sa classification par l'Unesco, La Casbah d'Alger n'arrive toujours pas à mériter son statut de patrimoine universel. Entre volonté des uns et tergiversations des autres, la vieille cité se résigne à être la proie du temps et de son usure inexorable. Le sujet a été encore une fois à l'ordre du jour de la fondation qui porte son nom en ce 23 février, journée nationale de La Casbah organisée au Forum d'El Moudjahid et à laquelle ont pris part Abdelhakim Méziani, journaliste-écrivain, Mohamed Smaïl, directeur du logement de la wilaya d'Alger, et des représentants d'associations pour la protection de la cité qui a charmé leur enfance. Et même si Belkacem Babaci, président de cette association, a avisé d'emblée les présents que la rencontre n'était pas ouverte à la polémique, certains d'entre ces derniers avaient le cœur gros. C'est le cas de Halim Faïdi, un architecte urbaniste qui, après une projection d'un documentaire relatant à différentes périodes les dégradations, par la main de l'homme d'abord, de la médina, n'a pas caché sa désolation. Ou encore Abdelwahab Zekagh, DG de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés dont le cri du cœur a ému toute la salle. Cet ancien maire de la commune de Ben Aknoun a consacré déjà quatre années sur le projet de réhabilitation de la vieille cité. “Sur 1 816 maisons, dira-t-il, près de 700 ont été étayées avec tout ce qu'elles comptent comme traitement des djoubs (puits recueillant les eaux de pluie) et des fosses septiques, un travail fait grâce à la collaboration d'Asrout, Seeal et autres services de la wilaya”. Pour Réda Amrani, responsable des archives au sein de la fondation, La Casbah est devenue une cité-dortoir, rongée par le squatte synonyme, faut-il le dire, d'un relogement certain. Une autre dame réputée pour son franc-parler, en l'occurrence hadja Houria Bouhired, a tenu à rappeler qu'à La Casbah, une bâtisse sur quatre seulement est salubre. Un dépotoir, lance-t-elle faisant distinguer toutefois que la volonté de la wilaya reste insuffisante devant le nombre de vrais faux sinistrés. Le mot est lâché, en effet, car tous les intervenants s'accordent à reconnaître les efforts de la wilaya. Le cas de Sidi-Ramdane, qui a vu le relogement de 1 000 familles, est assez édifiant quand on sait que le patrimoine est toujours dans le même état. Depuis les années 1970, près de 10 000 familles ont été relogées (dont plus de 1 700 depuis 2004), soit plus de 50 000 habitants équivalant à une commune de taille moyenne. Le problème auquel sont confrontées les autorités locales reste bien évidemment celui du sempiternel squatte donnant lieu à l'impossibilité de reloger tous les intrus. Ce tonneau des Danaïdes constitue un véritable frein au lancement du plan de sauvegarde de La Casbah. La solution : baliser le relogement. Une des plus grandes préoccupations de la wilaya D'aucuns pensent que la réhabilitation de la vieille cité est une affaire qui ne concerne que l'autorité locale. Erreur, répondent les spécialistes. La wilaya d'Alger, qui n'a pas attendu le plan de sauvegarde, a lancé depuis 2005 un nombre non négligeable d'actions annoncées lors des différentes AG de l'APW. 6 palais dont Dar-Essouf, Dar Mustapha-Pacha, Maison du Millénaire, Dar El-Kadi, Dar Hassan-Pacha, Dar El-Hamra, ont été pris en charge sur le budget propre de la wilaya avec une enveloppe financière de plus de 20 milliards de centimes. D'autres actions ont été menées à l'endroit de cinq autres palais dont Dar El-Aziza ou Dar Khedaoudj El-Amia, de quatre mosquées et trois mausolées comme Djamaâ El-Kebir, Ali-Betchine, le mausolée Sidi-Abderrahmane et Sidi-Hellal. Les VRD ne sont pas en reste puisque plus du tiers des infrastructures est concerné par la rénovation. À noter également la prise en charge de l'hygiène de la cité par notamment l'élimination de dizaines de décharges anarchiques et l'enlèvement des gravats (100 000 m3) ayant nécessité une armada d'agents. Chaque année, la wilaya prend en charge le paiement de 250 jeunes appelés pour renforcer la commune en matière d'hygiène et de maintenance des réseaux d'assainissement ainsi que la collecte des gravats. La contribution de la wilaya à ces différentes opérations a coûté près de 125 milliards de centimes depuis 1998. En plus des opérations de relogement, des centaines de bâtisses ont été étayées dans le cadre du traitement du vieux bâti, alors que le programme de réhabilitation des logements touchés par le séisme est de plus de 320 bâtisses. Depuis 2006, un comité mixte composé de représentants du ministère de la Culture et ceux de la wilaya d'Alger préconise la mise en conformité du plan de sauvegarde avec les textes de la loi 98-04. Une étude est en cours par le Cneru. A F