Plus qu'une simple première manche d'un tour éliminatoire où la double faute n'est pas permise, cette rencontre en Gambie est un vrai test grandeur nature, aussi bien pour l'équipe nationale que pour son sélectionneur. Pour une EN traumatisée par sa désastreuse campagne africaine post-Mondial, il s'agira surtout d'éviter de se casser les dents d'entrée de jeu et de savoir gérer cette première mi-temps à l'extérieur avant le retour à la maison. Pour son patron technique, le Bosnien Vahid Halilhodzic, l'objectif premier serait de permettre aux Verts de regoûter aux délices d'une victoire à l'extérieur pour la toute première fois depuis les ultimes instants du... printemps 2009 et ce désormais historique succès en hostile terre zambienne de Chililabombwe, un certain ensoleillé après-midi sabbatique de 20 juin qui avait, à l'époque, balisé le terrain de Johannesburg à la troupe à Rabah Saâdane. Depuis, la mémorable raclée reçue à Bangui chez le néophyte centrafricain puis la déculottée de Marrakech, toutes deux sous le règne d'un inconscient soldat Abdelhak Benchikha, pompeusement affublé du flatteur surnom de “général”, sont venues confirmer que notre EN ne savait plus voyager. Pour avoir réussi à stopper l'hémorragie à la faveur de la parité arrachée de haute lutte à Dar Es-Salam pour ce qui constituait sa prise en main effective de l'équipe, Vahid Halilhodzic a d'ailleurs donné l'impression d'avoir bien assimilé le fait que même ce nul en Tanzanie ne l'avait pas trop aidé pour redresser la barre et qualifier les Verts au tournoi continental gabono-guinéo-équatorien. Réapprendre aux coéquipiers de Madjid Bougherra à gagner loin d'Alger demeure, en ce sens, la finalité première de l'ex-driver de la Côte d'Ivoire. La liste des vingt-trois qu'il a dressée pour ce déplacement à Banjul paraît, à première vue, correspondre à ce genre de “mission à haut risque”. Non pas en raison d'une éventuelle force de frappe, d'une quelconque envergure internationale ou du prestige inexistant de cette sélection de Scorpions qui ne représente, en fait, qu'un minuscule état-enclave de l'Afrique de l'Ouest, mais surtout par rapport aux “antécédents” algériens sur ce même terrain gambien. Personne n'a, en effet, oublié cet amer échec qui avait privé les Fennecs de Cavalli du billet qualificatif à la CAN 2008 ou encore plus récemment cette autre défaite de l'EN version Saâdane au Bakau Stadium de Banjul. Fort de sa longue expérience sur le banc international, Vahid Halilhodzic n'ignore, sur ce point, nullement les retombées d'un éventuel faux pas en Gambie. Si, par malheur, il venait à vivre le même scénario que ses prédécesseurs dans cette même capitale gambienne, Halilhodzic perdrait gros. Aussi bien en crédibilité qu'en marge de manœuvre, dans la mesure où tout mauvais résultat le fragiliserait énormément et beaucoup plus qu'il ne le pense ou ne l'admet. Cela pour la simple et bonne raison qu'il n'échapperait certainement pas à la fatale comparaison avec le toujours populaire cheikh Rabah Saâdane ainsi qu'à la fatidique parallèle avec un certain… Eric Gerets qui, en dépit d'avoir brillamment remis le Maroc sur les rails, s'est cependant ramassé à la petite cuillère au sortir d'une CAN catastrophique à tous points de vue. Le spectre du fameux cliché de “l'entraîneur étranger qui émarge au prix fort sans pour autant réussir à faire mieux que le technicien local marginalisé” plane déjà sur le Bosnien. Un coup d'éclat en Gambie lui (re)donnerait de la “gueule” aux yeux de la vox populi, particulièrement avec ses choix audacieux de la composante humaine de l'EN. En revanche, une (autre) désillusion affaiblirait fatalement Vahid Halilhodzic qui n'aurait, du coup, rien de cet alchimiste des temps modernes, comme tentaient de nous le faire croire ceux qui ont milité pour son intronisation à la tête des Verts. Là est tout l'enjeu de cette entrée en matière de la sélection nationale dans ces éliminatoires dans ce qui représente, plus que jamais, plus qu'une simple première manche d'un tour préliminaire. R. B.