Les six préalables posés par les archs Ce que Bouteflika est sommé de satisfaire Un délai de dix jours est fixé au pouvoir qui doit donner son accord quant aux conditions des archs. En dépit des conditions qui entourent son organisation, le conclave de l'Interwilayas des archs, tenu samedi, à l'école hôtelière de Tizi Ouzou n'a finalement pas cédé, comme d'aucuns le redoutaient, à la tentation d'un dialogue de “pacotille” ou encore à rééditer le triste épisode et non moins cocasse dialogue “taiwan”. Comme adopté déjà lors du conclave de M'chedallah (Bouira) à la mi-août, au lendemain de l'appel du président Bouteflika, les délégués posent toujours la satisfaction des six préalables, qualifiés désormais “d'incidences”, seule condition à leurs yeux susceptible de traduire la volonté de “l'interlocuteur d'en face” de trouver une issue définitive à la crise de Kabylie. Cette exigence, fait sans doute inédit, est assortie d'un ultimatum d'une dizaine de jours, faute de quoi, l'entreprise d'Ouyahia est vouée à l'échec avec ce qu'elle charrie comme incertitudes sur le déroulement de la prochaine échéance électorale. “À défaut, les délégués mettront un terme au processus du dialogue”, menacent-ils. Ainsi donc, Bouteflika est sommé de satisfaire dans les prochains jours six principales revendications : libération des détenus, arrêt et annulation des poursuites judiciaires, révocation des “indus élus” issus des dernières élections, amnistie et franchise fiscale couvrant la durée du mouvement pour les commerçants des régions concernées, réintégration des travailleurs licenciés pour leur engagement dans le mouvement et, enfin, prise en charge du contentieux avec la Sonelgaz. Il faut noter, au passage, que le “préalable” relatif à la liberté d'expression et de la presse a été supprimé. Si l'on ne peut valablement anticiper sur la volonté du président de la République de donner une suite favorable à ces “doléances”, force est d'admettre que depuis son appel, lancé en juillet dernier, hormis la décision d'allocation d'un budget de 20 milliards de DA aux trois wilayas touchées par les émeutes, rien n'a été entrepris de nature à dissiper la méfiance qui a toujours caractérisé les rapports entre le pouvoir et les archs. Pourtant, lorsque fin août dernier à l'issue d'un Conseil des ministres un communiqué, lu à la télévision, fit état “de l'instruction” de Bouteflika à Ahmed Ouyahia “pour réunir les conditions nécessaires à l'effet de réussir le dialogue en vue du dénouement définitif de la crise (…)”, beaucoup n'avaient pas manqué de faire le lien avec les préalables posés par les archs quelques jours auparavant. Un lien vite apparu, au fil des semaines, comme un raccourci puisque aucun geste n'a été initié. Maintenant qu'il est acculé, Bouteflika finira-t-il par lâcher du lest ? Pas si sûr, même si son désir mal dissimulé de rempiler pour un second mandat le contraint à trouver une solution immédiate à cette crise. Vu sous cet angle, il pourrait faire quelques concessions, l'objectif étant bien entendu de baliser le terrain pour 2004. Mais confit dans la culture de l'intrigue, Bouteflika pourrait aussi recourir à d'autres subterfuges, histoire de gagner du temps. Car, à vrai dire, on voit mal comment un pouvoir qui s'est montré sourd pendant deux longues années aux revendications citoyennes, qui ne proposait comme toute réponse que la répression, peut se découvrir, aujourd'hui, les vertus d'un pouvoir soucieux du bonheur de ses sujets. En tout état de cause, à se fier aux délégués, les jours “des manœuvres et des tergiversations” sont désormais comptés. K. K.