Une pièce comique qui traite d'un sujet qui n'est pas inconnu du public. Une mise en scène aérienne, qui porte bien un texte très fort en insinuations, sans aller dans la dénonciation démagogique. La générale, dimanche soir, au TR Batna, Aach ha'reb mat batal (Il a vécu fuyard, il est mort en héros !), une adaptation du journaliste et écrivain turc Aziz Nesin, produite par l'association El-Badil de Batna et interprétée par Hamida Merzouk, Azzeddine Ben Amor et Saâdi Ali n'a pas seulement provoqué le rire et diverti le public, mais elle a porté une sévère critique sur l'héroïsation des morts et en même temps a tourné en ridicule les autorités locales d'une commune. D'une durée d'environ une heure dix minutes, la pièce, dans le registre tragicomique, a réussi à capter l'intérêt du public présent en force, par les allusions plus ou moins satiriques à la situation politique ou sociale de son temps. Aach ha'reb mat batal s'ouvre sur les préparations de la commémoration d'un héros tombé au champ d'honneur. En cours de discussion, le maire d'une commune raconte les hauts faits de ce personnage, le héros “Jara”, et le présente comme un héros charismatique. Le récit foisonne d'actes de bravoure et de faits de courage. Il passe de la légende au mythe. Le personnage Jara est présenté comme une force surhumaine, voire surnaturelle. Le récit est parsemé de situations très cocasses, de quiproquos comiques… Une coupure de l'électricité survient, afin de permettre à Jara d'entrer sur scène, lui qui a été pris pour mort et pour qui une stèle a été érigée à sa mémoire. C'est le renversement de la vapeur ! Les plans sont chamboulés. Le personnage commence à raconter naïvement son histoire. Il explique qu'il s'était engagé dans l'armée pour fuir sa femme et les problèmes de couple qu'il vivait. Pour tous les exploits et les hauts faits du héros qui lui ont été attribués, il avoue qu'il n'y avait rien de vrai. À l'exemple de ce gros soldat qu'il avait transporté sur ses épaules pour le sauver, Jara témoigne que son intention était de le retirer de la vue des soldats pour lui prendre la liasse de billets de banque qui était sur lui. Tout naïvement, au cours de la discussion, il avoue même qu'il était un lâche et un vendu. À la fin, le maire le supplie de disparaître comme il est venu. Le personnage “Jara” refuse d'obtempérer aux injonctions. Contrarié dans ses plans et de peur que la vérité ne se découvre, le maire le tue. Avant de rendre l'âme, Jara lâche sur un ton de délivrance : “Enfin, je meurs en héros !” Pour faire rire le public, le metteur en scène Azzeddine Ben Amor a recours à plusieurs différents procédés comiques. Mais ceux qui ont été le plus utilisés sont le comique de geste par les costumes extravagants portés par les trois comédiens et le comique de situation lorsque le maire est mis en difficulté lors de l'apparition du personnage “Jara”, que l'on croyait mort pendant la guerre. À signaler que le décor n'est pas encombrant et aide parfaitement à la compréhension de la pièce. Le théâtre amateur à Batna prend son envol. B. B