Les médecins sont sur leur lieu de travail mais ne prennent en charge que les cas graves. La grève des praticiens spécialistes de santé publique continue à paralyser les structures de santé de l'intérieur du pays. Quant aux infrastructures de santé dans les grandes villes, elles continuent à assurer de manière normale les urgences, les consultations et les interventions chirurgicales. Rencontré, hier, à l'hôpital Mustapha-Bacha, un médecin spécialiste déclare : “Ce n'est pas dans les grandes villes qu'il faut mesurer l'impact du mouvement mais à l'intérieur du pays.” Il est clair que dans les CHU, les hospitalo-universitaires sont plus nombreux. Même dans les polycliniques de la capitale où les consultations spécialisées sont assurées en majorité par les praticiens de santé publique, l'incidence est quelque part négligeable. Les malades chroniques suivis dans ce genre de centres ont été certes désorientés au début de la grève qui coïncidait avec la fin des congés d'été, avant de se résigner à attendre, d'autant qu'ils sont rassurés qu'en cas d'urgence, ils seront pris en charge. Certaines consultations prévues pour hier après-midi étaient maintenues car assurées par des hospitalo-universitaires. Ces derniers qui travaillent dans les CHU assurent certaines heures dans les polycliniques et ce, depuis longtemps. Des malades rencontrés à la polyclinique de Zoudj Ayoun confirment les déclarations d'un employé. La Maison du diabétique des Annassers garantit normalement les consultations. Les malades attendent patiemment. “Je suis venue ce matin, mais mon rendez-vous est pour l'après-midi”, avoue un vieil homme. Un homme d'un certain âge, complètement perdu, ne sait quoi faire : “Je suis venu voir mon médecin le 28 octobre dernier, jour de la grève générale, mon médecin avait reporté mon rendez-vous à aujourd'hui. Or, il est en congé.” Un médecin réplique : “Ne vous inquiétez pas, votre médecin vient juste d'arriver.” Le chef du centre a tenu à rassurer les usagers de la polyclinique : “Nous prendrons en charge tous les diabétiques, car nous ne sommes pas en grève.” À la polyclinique de Birkhadem, même constat. Toutes les activités sont assurées : soins, injections, consultations générales, etc., exceptées les consultations de médecine générale. Les praticiens pourtant présents refusent de voir les malades qui ne présentent pas des cas d'urgences. Le Dr Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, estime que le mouvement qui dure depuis plus d'un mois est une véritable victoire. Il affirme, par ailleurs, que les grévistes sont décidés à aller jusqu'au bout. “Le décret 91-106 paru dans le Journal Officiel du mois de mai 1991, avait prévu 3 grades de praticiens spécialistes équivalant aux statuts de maître-assistant, docent et professeur. Ce décret a été enterré en 1993 sans jamais avoir été appliqué”, dit le Dr Yousfi. Il explique bien entendu que les praticiens spécialistes sont obligés, alors, d'accepter un grade unique depuis leur recrutement jusqu'à la retraite. S. B.