Outrés par cette facilité avec laquelle des universitaires prodiguant connaissances et savoir sont traînés devant les tribunaux pour de simples problèmes internes, les enseignants du département de psychologie comptent lancer une action de protestation. Il semble que le recours à la justice pour régler des problèmes pédagogiques est la solution de facilité que s'accordent désormais certains responsables d'établissement sous tutelle de l'enseignement supérieur. En effet, les plaintes contre les enseignants universitaires se suivent ces derniers jours. Ce raccourci, déjà usité pour casser des mouvements de grève, semble être en vogue pour corriger tout enseignant osant dénoncer des irrégularités au sein de son département. Après les deux enseignants de l'Ecole normale supérieure d'agronomie (ENSA), c'est au tour d'une autre enseignante du département de psychologie de l'université d'Alger II (Bouzaréah) de faire les frais de cette nouvelle politique de gestion des établissements du supérieur. “Au moment même où nous envoyons l'information relative à la plainte déposée contre M. A. Mekliche et M. Ayad, déposée par la directrice de l'ENSA, plusieurs e-mails nous sont parvenus pour nous informer d'une toute autre plainte”, révèle un communiqué du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (SESS). Et d'ajouter que la nouvelle plainte “a été déposée par le recteur de l'université d'Alger II contre une enseignante du département de psychologie en l'occurrence Mme Haddadi Dalila qui y enseigne la psychologie clinique. Selon une correspondance adressée par cette enseignante à un de ses collègues, tout a commencé lorsqu'elle avait levé le voile lors d'une réunion sur les dépassements pédagogiques des responsables du département de psychologie. “Je t'écris pour t'informer qu'après avoir dénoncé, lors d'une réunion du Cnes, les dépassements de l'administration dans la gestion des inscriptions des étudiants au mastère de psychologie clinique dont je suis responsable, voilà que dimanche dernier un huissier de justice se présente chez moi pour me déposer la plainte du recteur qui m'accuse de vouloir perturber le bon fonctionnement de l'université”. Mme Haddadi, qui doit comparaître le 19 avril prochain devant le tribunal de Bir-Mourad-Raïs, est soutenue par ses collègues “outrés et qui veulent mener une action pour dénoncer le mode de traitement des problèmes internes de l'université par voie de justice car ils se sentent concernés par cette intimidation”. Il y a quelques semaines, l'université de Bouzaréah a été paralysée par la grève des enseignants qui ont tenu à dénoncer diverses irrégularités. M. B.