Le réalisateur a fait le choix d'une œuvre conçue suivant une dimension plutôt émotionnelle que conflictuelle. Il se focalisera sur le combat du rebelle et ses luttes démocratiques contre l'intégrisme, et le combat identitaire à travers des archives télévisés et des extraits de chansons. C'est avant-hier qu'a été présenté en avant- première, au petit théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, le film documentaire Lounes Matoub, un combat éternel du réalisateur Tahar Yami. Ce documentaire de 26 minutes revient brièvement sur le parcours du rebelle à travers ses différentes interventions dans des plateaux de télévisés internationaux. Tahar Yami fera le choix de livrer une œuvre conçue suivant une dimension plutôt émotionnelle que conflictuelle. Il se focalisera sur le combat du rebelle et ses luttes démocratiques contre l'intégrisme et le combat identitaire à travers des archives télévisés et des extraits de chansons. Les intervenants, lors d'un débat avec la réalisateur, ont notamment relevé l'absence de témoignages vivants sur le chantre et le choix de l'auteur de négliger deux évènements majeurs dans la vie de Lounes Matoub, qui ont contribué à son émergence et à sa popularité, à savoir, ses graves blessures causées par 5 balles tirées par des gendarmes durant les évènements d'octobre 1988, alors qu'il se dirigeait vers la localité de Aïn El-Hammam, ce qui lui a valu 17 interventions chirurgicales et 2 années d'hospitalisation, et aussi son kidnapping par le GIA 1994. “Pour un réalisateur, en 26 minutes, il est très difficile de retracer tout le parcours d'un homme d'une telle ossature et encore l'angle du documentaire cherche à provoquer l'émotion chez le public et non à traiter un côté qui relève d'un volet juridique”, dira-t-il. Tahar Yami reviendra également dans cette réalisation sur les évènements du Printemps noir en Kabylie où 128 jeunes ont été tués par des gendarmes. Un côté noir de l'histoire récente de l'Algérie profonde. Lounes Matoub, un combat éternel pose toutefois, de manière indirecte, une question importante, qui est : “Pourquoi, à ce jour, aucun établissement public où une rue à Tizi Ouzou particulièrement et en Algérie en général qui porte le nom de ce chanteur alors que, et rien qu'en France, 19 lieux sont baptisés au nom de Lounes Matoub”. Ce film, diffusé en avant-première à Tizi Ouzou, sera projeté prochainement à Lyon, en France, à l'occasion de la commémoration des évènements du 20 Avril, par l'association culturelle Tagmats. Originaire du village Aït Halli, dans la commune d'Irdjen, daïra de Larbaâ Nath Irathen, Tahar Yami obtient une licence en science économique en 1982 à l'université de Tizi Ouzou. Il assurera le poste d'animateur, en passant par le poste de conseiller culturel, chef de service pour finir directeur de la maison de la Culture de Tizi Ouzou entre 1980 et 1990. En 1995, après quatorze années au service de cet établissement, il entreprend une formation universitaire qui aboutira à l'obtention d'une licence d'études cinématographiques à Paris III. En 2011, à la 11e édition du Festival du film amazigh, Tahar Yami obtient un prix spécial du jury pour son film Décharge interdite, un court métrage qui traite de la prolifération des ordures. K.T