Il ne se passe pas un jour sans qu'il n'y ait de mouvement de protestation à Djelfa. Le parking du siège de la wilaya est assailli chaque matin par un groupe de protestataires. Les revendications sont différentes et multiples. Les uns revendiquent leurs armes remises de plein gré aux différentes structures de sécurité depuis 1992. Les autres demandent à être relogés comme l'ont été leurs ex-voisins des bidonvilles. Il y a aussi ceux qui revendiquent l'aménagement de leurs cités ou quartiers, l'adduction de l'eau potable ou le raccordement au gaz de ville. Ceux du monde rural ont d'autres priorités : ils ne cessent de revendiquer les logements ruraux et l'électricité en panneaux solaires. Ceux de ce lundi qui se sont rassemblés devant le siège de la wilaya de Djelfa étaient scindés en deux groupes distincts. Le premier groupe formé de septuagénaires revendiquant pour la énième fois leurs armes. Cette fois-ci, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère en criant qu'ils ont été déshonorés. Chez ces gens-là, le fusil c'est comme la femme, et les deux pour eux sont la base de l'honneur. Après que deux des leurs ont été reçus par un nouveau fonctionnaire en tant que délégués, ils se sont dirigés vers le siège du groupement de la gendarmerie pour continuer de protester. Quant au deuxième groupe, ce sont des gens mal rasés et mal habillés, certains chaussant de vieilles mules. Ils reviennent tous les jours ou parfois un jour sur deux pour demander aux autorités de les reloger comme l'ont été leurs ex-voisins. Les habitants des bidonvilles, qui ont pu survivre aux opérations d'éradication de l'habitat précaire, ont pris le relais des ex-protestataires. Après que l'attroupement eut pris de l'ampleur et qu'il grossissait au fur et à mesure que les heures passaient, les services de sécurité ont demandé aux protestataires de quitter les lieux. Ils ont obtempéré et ont traversé le parking en scandant Allah ou akbar et ont serré les rangs pour s'asseoir devant le portail d'accès. Ils ont décidé d'empêcher l'entrée et la sortie des véhicules. Les piétons entraient et sortaient par la petite porte. Dans leur majorité ils appellent au boycott des élections législatives. J O K