Le jugement de l'affaire Achour Abderrahmane s'est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi-M'hamed avec l'audition de A. Rabah, l'adjoint et l'un des plus proches du principal accusé. Ce dernier était, selon l'accusation, au Maroc au moment où l'affaire a éclaté. À la question posée par le juge Mohamed Rekkad sur son voyage dans ce pays coïncidant avec celui de Achour Abderrahmane, l'accusé a déclaré qu'il suivait la gestion d'une unité de production montée dans le cadre d'un groupe de sociétés lancées par le principal mis en cause. À rappeler à cet effet que Achour Abderrahmane a, selon l'arrêt de renvoi, créé une dizaine de sociétés fictives avec ouverture de comptes commerciaux auprès des agences de Bouzaréah, Cherchell et Koléa. Les directeurs de ces agences ainsi que quelques cadres sont pointés du doigt par l'accusation pour avoir été complices dans le détournement de deniers publics par Achour Abderrahmane alors que sa secrétaire Hassiba H. s'occupait des transferts des fonds détournés à partir des agences, dont une partie était transférée au Maroc où le prévenu a acheté une briqueterie et une imprimerie. Sur un tas de questions posées par le juge notamment l'opulence criarde des sociétés appartenant à Achour Abderrahmane ou encore l'émission massive de chèques en totalité sans provision, A. Rabah se contentera de répondre qu'il n'a jamais été au courant de quoi que ce soit. Il niera en bloc ses relations avec tous les noms cités par l'accusation. Les déclarations d'un certain M. Mustapha sur les biens que posséderait ce dernier sont également rejetées. “En dehors de ma propre maison familiale, je ne suis propriétaire d'aucun bien”, répétera-il à chaque fois. Et d'ajouter : “De ma vie, je n'ai jamais émis de chèque sans provision”. L'intervention du procureur de la République fait tressauter l'accusé : “Trouvez-vous normal que plus de 96 milliards de centimes puissent être dépensés en huit mois pour de la publicité et l'achat de calendriers ? Est-il normal que 167 milliards soient sortis en deux mois sans avoir eu à éveiller des soupçons ?” L'accusé essaie de trouver des échappatoires mais la boucle est bouclée. Il est clair que la complicité a été de taille pour permettre une évasion de près de 22 milliards de dinars. L'arrêt de renvoi précise que c'est suite à ce trou béant que la BNA a déposé une plainte contre trois responsables T. A., directeur de l'agence de Bouzaréah, B. M., directeur de l'agence de Cherchell, et B. A., directeur de l'agence de Koléa pour avoir facilité le paiement de près de 2 000 chèques au profit de Achour Abderrahmane. Ce dernier jouissait d'“une grande confiance et de recommandations auprès de ces agences”. Dans un premier jugement, il a été condamné à 18 ans de prison. Plus de vingt autres personnes, des collaborateurs de Achour Abderrahmane ainsi que des cadres et employés des agences BNA sont également mis en cause pour association de malfaiteurs, de détournement de deniers publics, escroquerie, émission de chèques sans provision, falsification d'écritures comptables et de négligence grave ayant conduit à la dilapidation de deniers publics. Les faits remontent à 2005 quand, par lettre anonyme, la direction de la banque nationale a été alertée sur la manipulation de chèques bancaires par le principal mis en cause sans que lesdits chèques ne soient vérifiés comptablement. L'audition des mis en cause se poursuivra aujourd'hui. A F