Le lait, produit stratégique par excellence, bénéficiant de programmes de soutien et d'accompagnement de la part des pouvoirs publics en direction des éleveurs, des producteurs et des collecteurs, n'en finit pas pour autant de subir des crises variables qui se répercutent chez les consommateurs. C'est, en effet, une fois de plus le constat fait hier à Oran, lors d'une journée de sensibilisation sur la qualité du lait, organisée par la chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie (CCIO) avec la participation de la direction régionale de l'Office national du lait (Onil) et la DCP. Pour s'assurer la disponibilité de ce produit, l'Algérie a dû accroître ses importations de poudre de lait en termes de volume, ce qui classe ce dernier en seconde position sur la liste des importations après les céréales. Du coup, c'est la faiblesse de la production annuelle de lait de vache qui est mise en relief puisqu'elle n'est que de 500 millions de litres de lait pour une consommation annuelle de 45 litres par an, et par habitant, classant néanmoins l'Algérie comme le premier consommateur de lait au Maghreb. Dans un exposé sur les politiques d'accompagnement et de soutien aux professionnels du secteur, la mise en place d'une stratégie nationale de développement de la filière lait, le directeur régional-ouest de l'Onil a évoqué les faiblesses et les atouts. Ainsi, il est relevé le surnombre de laiteries, 42 à l'Ouest et 110 à l'échelle nationale, souvent implantées sans tenir compte des zones d'élevage, laiteries qui, majoritairement, produisent du lait reconstitué, l'insuffisance de la chaîne de froid, seul moyen pour bloquer le développement de micro-organismes provoquant par la suite des toxico-infections alimentaires, et l'informel qui perturbe tout le marché. Presque seul point positif est celui malgré tout de l'expérience acquise par les industriels de transformation. Mais ce qui inquiète le plus dans ce secteur, c'est la persistance du non-respect des normes en matière de qualité, de commercialisation et, surtout, les pratiques de fraude de certains producteurs de lait indélicats. À Oran, les consommateurs ont régulièrement dénoncé le “mouillage excessif” du lait en sachets recomposés, en dépit des normes et de la réglementation très précise sur cette question. Une situation qui met en première ligne la DCP puisque cela relève de sa responsabilité. Les résultats des contrôles avancés par la représentante du service de la promotion de qualité ont laissé perplexes bien des présents tant ils ne semblent pas refléter la réalité des consommateurs. Ainsi, nous apprenons qu'en 2010-2011, sur 41 laits contrôlés, seulement 15 étaient déclarés non conformes. Dans 48% des cas, il y avait la présence de germes et 38% d'acidité. En plus de cela, Oran a le triste privilège, là aussi, d'être la seule wilaya d'Algérie où des tensions sur la disponibilité du lait sont récurrentes et/où le prix est de 30 DA le litre, alors que le prix soutenu officiel est fixé à 25 DA. Là encore, c'est la DCP qui est montrée du doigt, une situation qui étonnera d'autant le représentant de l'Onil qui ajoutera que la wilaya bénéficie d'un apport supplémentaire de 200 000 litres de lait en provenance d'autres régions. Et c'est le responsable vétérinaire des services agricoles qui martèlera, pour sa part, l'exigence attendue de la part des professionnels pour mettre en place le système HACCP, avec des audits internes et externes et des contrôles sur toute la chaîne. Ce dernier souhaitera également la surveillance accrue du bétail avec une exigence qui sera faite chez les éleveurs de tenir des carnets de santé de leurs vaches afin d'éradiquer des pathologies, comme la tuberculose et les mammites qui affectent 80% du cheptel. D. L