Le conflit entre les fonctionnaires de la justice et leur département de tutelle s'enlise. La tension est montée d'un cran hier à l'issue du rassemblement national de plus de 600 fonctionnaires devant le siège de la chancellerie. Venus en force frapper aux portes de leurs responsables pour les inciter à prendre en charge sérieusement leurs doléances, les fonctionnaires de la justice ont été déboutés une fois de plus par leur tutelle. “Il n'y a personne au ministère”, ont souligné les agents de sécurité aux contestataires en invitant quelques représentants à le vérifier d'eux-mêmes. Cette attitude “méprisante” envers des fonctionnaires réclamant “leurs droits socioprofessionnels” n'a fait qu'accentuer leur colère et jeter de l'huile sur le feu. La réplique des manifestants ne s'est pas fait attendre. Elle était d'ailleurs prévue dans le communiqué du 31 mars dernier qui avertissait qu'en cas de non-satisfaction des revendications, le syndicat autonome appellerait au durcissement du mouvement de protestation. Et c'est ce qui a été entériné hier à l'issue de la réunion des membres du bureau exécutif de la Fédération nationale des fonctionnaires de la justice (greffiers, corps communs, ouvriers professionnels, agents de sécurité, chauffeurs et appariteurs) et des représentants des différentes cours et tribunaux ainsi qu'un membre du syndicat des corps communs. En effet, au mutisme de la chancellerie, les présents à la réunion au siège du Snapap qui préfèrent “la radicalisation à l'humiliation” répondent par une grève illimitée à partir d'aujourd'hui. Le mouvement de débrayage, qui n'était prévu que pour trois jours, se poursuivra finalement jusqu'à ce que le ministère de la Justice daigne faire un geste envers ses fonctionnaires. “Le dernier communiqué était on ne peut plus clair. Face au mutisme, le durcissement. Et c'est ce que nous allons faire”, révèle un membre de la Fédération nationale des fonctionnaires de la justice affiliée au Snapap. Et d'ajouter que d'autres rassemblements auront lieu dans les prochains jours. Les fonctionnaires de la justice ont décidé, par ailleurs, de s'unir et de constituer un front commun pour faire face aux tentatives de la tutelle de diviser les différents corps du secteur pour pouvoir les dompter. “C'est l'union qui a fait et qui fera notre force ; elle nous aidera à arracher nos revendications et à faire face aux pressions”, soutient le même membre. Les pressions, il y en aura encore davantage à compter d'aujourd'hui. Et comme les vieux réflexes ont la peau dure, les contestataires attendent toujours. Le départ de Belaïz n'a pas incité ses anciens collaborateurs à opter pour une nouvelle stratégie de gestion de la protestation dans le secteur. M B