Après dix ans de travaux et quelques années de plus après la mise en eau, ce barrage fierté des Aurès est l'un des rares en Algérie à n'avoir pas enregistré de retard quant au transfert de ses eaux au bénéfice des populations de la wilaya. Après des années et des années de pompage des eaux souterraines, voilà qu'on prend conscience que cette source est tarissable et qu'il n'y a pas mieux que de récupérer les eaux de pluie dans une région montagneuse où beaucoup de sites peuvent accueillir des digues. Les efforts déployés par les premiers responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya de Batna ont permis, non seulement de doter cette dernière d'un barrage qui reste en construction mais aussi et surtout de lancer bientôt trois autres (Bouzina, Tabbagart et Darmoune) et le lancement des études pour deux autres Berriche et Beni Fédhala en plus de onze retenues collinaires. Le premier, celui de Bouzina, inscrit dans le cadre du quinquennal PSC 2010/2014 pour un montant de 500 milliards de centimes, a une capacité de 12 millions de mètres cubes, destiné à l'irrigation de 2000 ha et surtout la sauvegarde de 95 000 arbres fruitiers plantés sur une superficie de 600 ha. Les deux autres, à savoir Tabbagart avec une capacité 14 millions de mètres cubes et Darmoune 6 millions de mètres cubes, sont aussi destinés à l'irrigation de centaines d'hectares. Il faut savoir que la construction d'un barrage dure des années avant sa mise en eau et plus encore quand il s'agit des transferts. L'historique du barrage Koudiet Lamdaouar en témoigne des sacrifices consentis par les responsables de la wilaya et la mobilisation de grands moyens par l'état. Le chantier de ce barrage inscrit en 1990 n'a pu démarrer qu'en 1994 en raison des difficultés socioprofessionnelles, financières, techniques et même sécuritaires. Il a fallu mettre en place un cordon de sécurité en permanence. Forte de son expérience dans la réalisation des barrages, l'entreprise Cosider a mobilisé un important équipement spécialisé pour travailler à raison de 16 heures par jour. Après avoir délimité, préparé et aménagé avec soin la zone de l'assiette et les fondations de la digue, les travaux de décapage de la terre végétale du lit mineur de l'oued et la matérialisation de l'axe de la digue au niveau de la crête supérieure ont nécessité le déplacement de millions de mètres cubes de terre. La tranchée d'ancrage de la digue a été creusée du niveau de la crête de la digue vers le fond de la vallée. Pour fortifier la paroi rocheuse, pour boucher les interstices et éliminer toutes les infiltrations au centre de l'ouvrage, une machine à injection de béton a cimenté l'assise du barrage. Ce dernier est une digue de terre et de roches composant un noyau central argileux. Sa hauteur maximale est de 47 m tandis que son développement en crête est de l'ordre de 2400 m. Le volume utile est de 56 millions de mètres cubes. L'évacuateur des crues a été mis en place avant d'entamer les premières opérations ainsi qu'une galerie latérale qui sert à l'évacuation des eaux pendant la construction de la digue. Sachant que le transfert solide dans la région des Aurès est des plus importants du pays, de l'ordre de 500 t par an, une opération de protection du bassin versant du barrage de Koudiet Lamdaouar, qui couvre 50 000 km2, a été lancée avant même la mise en eau du barrage. Dix ans de travaux, quelques années de plus après la mise en eau, ce barrage fierté des Aurès est l'un des rares en Algérie à n'avoir pas enregistré de retard quant au transfert de ses eaux au bénéfice des populations de la wilaya. Depuis juin 2007, 50% de la population de la wilaya boit l'eau du barrage de Timgad. Au fur et à mesure que les travaux des quatre couloirs avancent, le déficit en AEP s'amenuise. Le couloir 1 long de 123 km du barrage à Barika en passant par Tazoult, Batna et Aïn Touta, a permis à ces villes de disposer de plus d'eau potable (20 000 m3/ jour). Le couloir 3, du barrage à Arris en passant par Ichemoul, long de 59 km, a nécessité beaucoup d'ouvrages, entre autres quatre stations de pompage, 22 brise-charges et un réservoir d'arrivée à Arris, pour un apport d'eau de 1 500 m3 par jour. De son couloir 2, le barrage de Koudiet Lamdaouar de Timgad alimente la wilaya de Khenchela, exactement Ouled Rechache, par 10 000 m3/ jour. Un quatrième couloir est en cours d'étude pour renforcer en eau potable les villes de Chemora, Timgad, Ayoun El-Assafir, Oued Taga, Theniet El-Abed, Chir, Menâa et Tigharghar. Aujourd'hui, grâce à l'apport en eau du barrage, 17 communes de la wilaya sont satisfaites à 100%, 14 à 80%,16 à plus de 60% et le reste des communes (14) à plus de 40%. Le taux du remplissage est de 65%, soit plus de 50 millions de mètres cubes destinés à l'AEP. La réalisation des ouvrages de transfert de 200 millions de mètres cubes du barrage de Beni Haroun permettra l'irrigation des périmètres de Chemora et Aïn Touta où l'on projette l'introduction de cultures intensives et à haut rendement sur une superficie de 25 000 ha. Au programme de l'année en cours, si l'on retient la réalisation de trois nouveaux barrages, onze retenues collinaires, le couloir quatre (barrage - Menâa et Tigharghar) et la mobilisation de nouvelles ressources souterraines le plus important est sans conteste l'extension de la station de traitement du barrage de Koudiet Lamdaouar. Actuellement, la production de la station de traitement des eaux du barrage est de 120 000 m3 par jour juste de quoi alimenter à 60% les trois couloirs en service. Afin de parer à tout risque de pollution des eaux, la station de traitement des eaux de Timgad est opérationnelle avec actuellement une capacité de traitement de 2 000 m3/jour en attendant son extension bientôt à 3600 m3/jour.