Le silence inquiétant de l'état Les ménages assistent impuissants à la flambée importante des prix des produits alimentaires. En l'occurrence, la barre de 120 DA pour un kilogramme de pommes de terre a été dépassé. Du jamais vu : une hausse de plus de 200% du prix d'un produit alimentaire de large consommation. Cette préoccupation essentielle de la majorité des citoyens s'est affichée sur des panneaux vides. Un mode d'expression sous forme de graffiti qui traduit le ras-le-bol des citoyens face à l'absence de réaction des pouvoirs publics. Pourtant, ni les partis de l'opposition ni les partis de la coalition ne se sont suffisamment engouffrés dans cette brèche. Leur programme politique et leur discours évacuent la prise en charge de cette préoccupation, du moins ils n'apportent pas de solution convaincante ou globale face à l'anarchie qui règne sur le marché intérieur. En fait, depuis au moins vingt ans, les pouvoirs publics affichent leur mauvaise volonté à assainir le commerce intérieur. En clair, depuis au moins deux décennies, on enregistre les mêmes défaillances : services de contrôle du ministère du Commerce absents sur le terrain, prépondérance des ventes des fruits et légumes en dehors des enceintes commerciales, manque de traçabilité des transactions, pas de calibrage et pratiques de fardage des produits, insuffisante maîtrise des circuits de distribution, pas d'identification des différents intervenants dans la chaîne du commerce intérieur, prééminence de l'informel sur les circuits légaux, pas de coordination intersectorielle, perméabilité des frontières malgré l'effort de modernisation des institutions concernées, pas de mesures efficaces contre les pratiques spéculatives et la rétention des produits, un système de régulation Syrpalac inopérant posant la question de la qualité de gestion de la SGP Proda, désorganisation des filières de production. Toutes ces raisons expliquent cette flambée des prix sans précédent. La réponse des pouvoirs publics a été un silence inquiétant. Celle de la classe politique ne semble pas convaincre les électeurs, d'où un sentiment de désarroi et d'abandon. Un signe du fossé qui sépare les candidats de leurs électeurs. Si, sur des sujets qui intéressent au plus haut point les citoyens, comme le logement, l'emploi, le pouvoir d'achat, les partis n'apportent pas de réponses à ces préoccupations, alors, d'ici la clôture de la campagne électorale, on risque d'assister à un taux d'abstention plus fort que pour les législatives de 2007 . K. R. [email protected]