Les enseignements pour l'Algérie ne sont pas absents des dernières publications du FMI. Au menu : croissance molle et interrogations sur la soutenabilité des finances publiques. Petite surprise, le seul domaine où l'Algérie fait mieux que ses voisins est celui de…l'inflation. “Après s'être fortement assombries en 2011, les perspectives de l'économie mondiale s'améliorent de nouveau progressivement, mais les risques de dégradation restent élevés et les progrès récents sont très fragiles”. C'est par ce diagnostic plus rassurant que celui des éditions précédentes que s'ouvre le Rapport sur les perspectives de l'économie mondiale rendu public le 19 avril dernier par le Fonds monétaire international à l'occasion des réunions de printemps des institutions de Bretton Woods. À l'origine de ce pronostic plus optimiste que celui de l'automne 2011, qui avait été marqué par l'approfondissement de la crise en Europe, deux constatations : “La hausse de l'activité aux Etats-Unis au second semestre 2011 et l'amélioration des politiques économiques dans la zone euro face à une crise économique qui s'aggrave ont réduit la menace d'un ralentissement brutal de l'économie mondiale. En conséquence, une faible reprise est probable dans les principaux pays avancés, et l'activité devrait rester relativement vigoureuse dans la plupart des pays émergents et des pays en développement.” D'après les chiffres du FMI, la croissance mondiale s'est réduite sensiblement en 2011 et va continuer à ralentir, tombant de 4% l'année dernière à un rythme d'environ 3,5% jusqu'à la fin de 2012, contre plus de 5% en 2010. La croissance sera particulièrement faible dans les pays avancés qui devraient connaître une “expansion anémique” d'environ 1,5% en 2012 .Elle sera plus “robuste” dans les pays émergents et en développement où la croissance du PIB réel devrait cependant ralentir et tomber de 6,2% en 2011 à 5,7% en 2012, avant de remonter à 6 % en 2013. Pour ces derniers pays, les situations sont très contrastées et devraient varier au cours des 2 prochaines années d'une performance moyenne supérieure à 8% pour la Chine et 7% pour l'Inde à un peu plus de 4% pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Au sujet de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, le rapport du FMI annonce des perspectives à court terme “difficiles”. Il prévoit pour les pays importateurs de pétrole une “croissance proche de 2% et qui ne devrait pas se redresser en raison de la montée de l'incertitude sur le plan intérieur et de la conjoncture défavorable à l'extérieur”. Les prévisions pour les pays exportateurs de pétrole sont plus mitigées et la croissance devrait y être proche en moyenne de 4% “du fait de la stagnation de la production de pétrole et de gaz”. Par ailleurs,dans le cas des pays exportateurs de pétrole, une recrudescence de la crise en Europe pourrait en outre “faire baisser les prix pétroliers et compromettre l'accroissement récent des dépenses publiques consacrées à l'aide sociale”. Algérie : Croissance molle et pression sur les dépenses publiques Les enseignements pour l'Algérie ne sont pas absents de la dernière publication du FMI. Au chapitre de la croissance économique, on note tout d'abord que notre pays figure, parmi les pays en développement, dans la région ou cette dernière est la moins forte. Il est plus inquiétant de constater qu'au sein de la région, l'Algérie confirme son statut de pays à faible croissance avec une performance très modeste de 2,5% enregistrée en 2011 et des prévisions révisées en baisse à 3,1% en 2012 et 3,4% en 2013. Ajoutons que ces prévisions figurent dans le scénario le plus optimiste du FMI et ne tiennent pas compte des risques de dégradation de la situation en Europe. On notera que depuis 2006, la croissance du PIB algérien se situe entre 2 et 3% contredisant ainsi régulièrement les prévisions des autorités algériennes en dépit d'une forte injection de dépenses publiques. Au chapitre des échanges extérieurs, la balance des comptes courants du pays restera fortement positive avec un excédent qui bien qu'en baisse tendancielle devrait représenter 10% du PIB en 2012 et 7,9% en 2013, contre 10,3% ,en 2011 en raison de prix pétroliers qui devraient rester élevés et légèrement supérieurs en moyenne à 100 dollars au cours des 2 prochaines années selon le FMI. Finalement le seul domaine dans lequel l'Algérie fait mieux que ses voisins est ,selon le Fonds monétaire international, celui de … l'inflation qui bien qu'en augmentation est estimée dans notre pays à 4,5% en 2011 et prévue à 5,5% en 2012 contre une moyenne de 9,5% en 2012 pour l'ensemble des pays de la région Mena. Les développements enregistrés depuis le début de l'année 2011 sur le front des dépenses budgétaires sont également évoquées à propos de l'ensemble de la région Mena dans des termes qui semblent s'appliquer parfaitement à la situation algérienne : “Depuis quelque temps, les pouvoirs publics ont subi des pressions pour augmenter les dépenses courantes -afin de financer à la fois la hausse des dépenses sociales et les subventions des produits de base - et résoudre des problèmes sociaux pressants. L'augmentation des dépenses consacrées aux subventions aux combustibles et à l'alimentation, conjuguée à des pressions visant à relever les traitements et les retraites de la Fonction publique, fait peser une lourde charge sur les finances publiques. De plus, une expansion budgétaire risque d'évincer davantage les investissements privés nécessaires et d'entretenir les problèmes de création d'emplois dans le secteur privé”. Pour l'instant et dans le but de maîtriser cette croissance des dépenses publiques, le FMI recommande seulement pour l'ensemble des pays de la région “un meilleur ciblage des subventions et une réforme des subventions aux combustibles …” Une économie mondiale “particulièrement vulnérable” Bien que les mesures prises récemment par les pouvoirs publics dans beaucoup de pays aient contribué à réduire les risques, l'économie mondiale reste selon le FMI “exceptionnellement vulnérable”. Les deux risques les plus immédiats sont une nouvelle escalade de la crise dans la zone euro et la montée des incertitudes géopolitiques au Proche- Orient, qui pourraient provoquer une forte hausse du cours du pétrole. La préoccupation la plus immédiate reste “une nouvelle escalade de la crise dans la zone euro qui provoquerait une fuite du risque bien plus généralisée. Dans ce scénario, le monde replongerait dans la récession à l'image de l'année 2009 et la production mondiale et celle de la zone euro pourraient reculer, respectivement, de 2 % et de 3,5% sur deux ans.” Selon une autre hypothèse, l'incertitude géopolitique pourrait entraîner une forte hausse des cours du pétrole et le FMI n'exclut pas “une augmentation des cours du pétrole d'environ 50% qui réduirait la production mondiale de1,5%. Les effets sur la production pourraient être en outre être bien plus marqués si les tensions s'accompagnaient d'une forte volatilité sur les marchés financiers et d'une perte de confiance des investisseurs”. H. H.