L'équipe de Si Ahmed El-Mahdi, chef de service de chirurgie et transplantation rénale au CHU Frantz-Fanon, vient de réaliser deux greffes à partir d'un patient décédé suite à un accident de la circulation, nous a annoncé le professeur Haddoum, président de la société algérienne de néphrologie. Pour mesurer l'importance de l'événement, il faut savoir que les greffes rénales ne représentent que 10% de la demande réelle. Celles déjà réalisées l'ont toutes été à partir de donneurs vivants, excepté six patients qui ont bénéficié d'organes prélevés sur trois morts à Constantine en 2002, deux à Blida en 2010 et les deux de ce mois d'avril 2012. “Près de 1 000 transplantations rénales ont été réalisées en Algérie depuis 1986 au niveau des structures hospitalières publiques, ce qui demeure en deçà des besoins”, a déclaré le professeur Si Ahmed du CHU de Blida, à la suite de cet événement. “Le grand mérite revient aux familles des défunts qui ont surpassé leur douleur et ont autorisé le prélèvement des organes de leurs enfants décédés”, relève, pour sa part, le professeur Haddoum. La multiplication des prélèvements d'organes sur des cadavres est vivement recommandée par les spécialistes dans le domaine de la transplantation, estimant que c'est là une “réponse adaptée à un problème de santé publique”. “Cette opération ouvrira les portes à la transplantation du foie, du poumon et du pancréas qui sont des affections dont la greffe seule permet la survie des patients”, note le professeur Haddoum. D'autant que l'Algérie a été le premier pays musulman à décréter une fetwa dans le domaine. On compte actuellement près de 14 000 dialysés en Algérie. Près de 20% sont des candidats à une transplantation rénale. Les besoins en greffes rénales sont évalués à 1 000 par an, ceux du foie à 100 par an. Les chiffres sont aussi importants concernant la transplantation du pancréas, du cœur… Le retard constaté dans la transplantation d'organes relève d'une volonté politique et de moyens. Pourtant elle permettra une économie substantielle pour le budget de l'Etat, puisque le coût d'une greffe équivaut à une année de prise en charge d'un dialysé. La greffe rénale est, en effet, “économique”, comparée à l'hémodialyse chronique au long cours. L'hémodialyse chronique en centre privé coûte à la Cnas un million de dinars en direct par patient et par an (160 séances annuelles). Les coûts indirects s'élèvent également de 0,5 à 1 million de dinars. À ajouter à ce tableau une qualité de vie en transplantation rénale, sans commune mesure avec celle en dialyse chronique. N H.