À J-4 de sa fin, la campagne électorale pour les législatives, ne suscite toujours pas la moindre réaction notable chez le citoyen, qui ne semble pas concerné par le scrutin qui se prépare. La rue à Annaba n'a pas connu ces derniers jours l'ambiance qui y a toujours prévalu lors des rendez-vous électoraux et à observer les gens, il ne fait aucun doute que l'emballement espéré par les politiques et les candidats ne sera pas de la partie, de la part des jeunes, notamment. Et ce ne sont pas les gesticulations des comités de campagne des candidats et encore moins leur agressivité envers leurs adversaires qui y changeront grand-chose. Les citoyens ont assisté et assistent encore à des démonstrations de force entre chefs de partis par troupes folkloriques interposées, quand ce ne sont pas des haut- parleurs branchés vainement à fond pour donner une impression de fête à une ville qui meurt d'ennui. Approchés, les jeunes ne cachent pas leur désapprobation quant à leur participation à l'élection d'un Parlement qu'ils qualifient sans autre forme de procès de “ramassis de béni-oui-oui”. Qu'ils aient un emploi ou qu'ils soient étudiants ou chômeurs, ceux qui sont en âge de voter disent ne pas se reconnaÎtre dans les personnes dont les noms sont placardés aux quatre coins de la ville (mais pas dans les espaces réservés à l'affichage). “La plupart des prétendants à la députation sont de parfaits inconnus pour la population. Il n'est pas question que j'aille voter pour des opportunistes qui ne pensent qu'à leur carrière personnelle et qui s'évanouiront dans la nature une fois élus !” s'indigne cet étudiant en droit rencontré sur le campus de Sidi Achour. Son avis est partagé par beaucoup de ses camarades, lesquels se disent écœurés par le profil des candidats proposés. “Vous avez remarqué qu'il y a surtout des affairistes comme têtes de listes dans la course à l'APN, il y a certes des gens diplômés parmi les prétendants, mais ils ne sont proposés que pour garnir les affiches, une sorte d'appât pour attirer les voix de leur famille, leur entourage” relève un autre étudiant. Plus conscient des enjeux du scrutin du 10 mai prochain, il avoue sa crainte de la catastrophe qui pourrait résulter d'une abstention importante. “J'ai peur que les partis islamiques l'emportent, parce que leurs listes sont mieux fouillées. Les candidats qu'ils proposent sont de loin plus présentables que ceux du FLN ou du RND, par exemple. J'entends dire partout autour de moi que les appels à un vote massif seront suivis par les inconditionnels des partis islamistes et ça m'énerve personnellement parce que je suis un démocrate mais que je ne veux pas cautionner les voyous, qui se présentent comme tel. Un véritable dilemme”, regrette également ce chef de service au niveau de la commune de Annaba. Farid M., diplômé chômeur, qui n'a même pas pu bénéficier d'un contrat DAIP est quant à lui catégorique : “Ce vote est pour les gogos, j'ai 27 ans et je ne pense qu'à une chose, partir loin d'ici n'importe où et par n'importe quel moyen. Ras-le-bol d'attendre que le changement vienne et que chacun prenne la place qu'il mérite. Que peut-on attendre de candidats qui gaspillent des fortunes rien que pour être élus, alors qu'ils ne sont pas capables de parler d'autre chose que du programme du Président ?” lance-t-il avec un sourire ironique. A. A