Depuis la convocation du corps électoral, le président n'a pas manqué une occasion, au cours de ses différents messages adressés lors d'anniversaires (nationalisation des hydrocarbures, journée de la femme, fête du travail, entre autres) à exhorter les électeurs à aller voter en masse. Ce forcing, qui semble sincère, a été renouvelé, hier, à Sétif pour la commémoration des massacres du 8 mai 1945 en qualifiant ces élections d'“exceptionnelles” et “cette échéance, une épreuve de la crédibilité du pays”. Cette insistance formulée, avec force et sincérité, pour la première fois, dénote un certain embarras au vu de la qualité des prestations des partis en lice durant la campagne et de la piètre image qu'ont les députés aux yeux des citoyens. La mobilisation personnelle du président pour une participation notable arrivera-t-elle à convaincre les déçus de la politique et de leurs élus ? Pari difficile, mais courageux, si réellement le but est celui d'amorcer un renouveau et “d'opérer le changement avec conviction”. Est-ce à dire que les tenants de la légitimité révolutionnaire sont prêts à passer le relais, cinquante ans après, à la génération des compétences, que la gouvernance clanique s'effacera devant une gestion constitutionnelle ? Le propos peut être crédible puisque le président a lâché, sortant de son discours, que sa génération est finie et que la place devrait revenir à ces millions de jeunes déboussolés dans leur quotidien et déconnectés à mort de la chose politique. Le second axe de son discours a porté sur les guerres de mémoire que seule “une lecture objective de l'histoire” peut transcender. Message sibyllin, mais significatif au nouveau locataire de l'Elysée qu'il invite à se débarrasser des oripeaux du socialisme mitterrandien. Regarder l'avenir sans oublier le passé construit par les aînés, confier l'écriture de la révolution à des historiens pour que l'épopée demeure dans l'écrit pour les générations montantes. Bouteflika, tout en mettant en garde les futurs élus, a joué au quitte ou double dans cette aventure qui s'annonce incertaine d'autant que les événements qu'ont connus nos voisins peuvent pousser des pyromanes à mettre le feu, tout en criant au loup. Mais ce discours de la raison sera-t-il reçu comme le voudrait le récipiendaire ? O. A. abrousliberte@]gmail.com