Les émissaires de Sarkozy ont été déviés de la Présidence vers le Palais du gouvernement où, selon des sources proches, les hôtes algériens se sont contentés, avec politesse, de prendre note du message du président français à son homologue algérien. Les déplacements confiés au secrétaire général de l'Elysée sont généralement frappés du sceau du secret ou entrent dans le cadre des missions secrètes. Dans quel cadre faut-il positionner celle effectuée dans la journée (puisqu'il est reparti à 21 heures) par Claude Guéant en Algérie, où il a été reçu non pas par le président de la République, mais par le Premier ministre en présence, outre les ministres compétents, de son homologue auprès de la Présidence, M. Habba El-Okbi ? Un communiqué a annoncé la visite sans donner les raisons de ce déplacement inattendu dans le climat encore obscur qui entoure les relations politiques entre les deux pays. Relations perturbées par la sortie des députés, à majorité d'obédience FLN, sur la criminalisation des crimes de guerre de la colonisation, et ensuite et surtout par la sortie maladroite et grave pour un ministre des Affaires étrangères, en l'occurrence Bernard Kouchner qui a tété la mamelle du socialisme mitterrandien pour se voir en fin de carrière offrir ses services au parti de la majorité. L'ingérence de ce dernier et l'appréciation qu'il porte sur le personnel politique algérien n'ont pas été du goût des personnes visées si bien que les émissaires de Sarkozy ont été déviés de la Présidence vers le Palais du gouvernement où, selon des sources proches, les hôtes algériens se sont contentés, avec politesse, de prendre note du message du président français à son homologue algérien. Ce qui pourrait expliquer l'absence de toute déclaration ou communiqué final. Cette situation de malaise entre ces deux pays de la Méditerranée où l'Algérie a récupéré son rôle primordial, ce qui dérange un certain lobby encore actif dans la région, est accentuée par la position intransigeante des deux Présidents. Pour l'un, l'aboutissement à un partenariat d'exception passe par la reconnaissance des méfaits de la colonisation et par assumer le passé d'une nation coloniale. Pour l'autre, les Africains n'ont d'histoire que celle qui les lie à la mère patrie. Les divergences de vues sur beaucoup de dossiers de la région, notamment le Sahara occidental et le terrorisme dans la région du Sahel, ne font qu'accentuer la rancune accumulée. O. A. [email protected]