Le discours d'Oran du chef de l'Etat détonne des sorties hâtives précédentes que seuls les impératifs constitutionnels ont poussé à faire (année judiciaire et rentrée universitaire notamment). Si pour la symbolique, la date retenue coïncide avec l'anniversaire de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, la teneur du discours a, par contre, revêtu un cachet d'urgence quant à l'avenir du pays qu'il pense être en danger. Aussi sa supplique en direction des jeunes qu'il invite à s'impliquer pour mettre en place un changement à la hauteur de leurs ambitions et de leurs attentes. Mise en garde et conseil, à la fois, le Président a semblé sincère dans ses propos, sorte de testament, pour que les rênes du pouvoir changent de main par la voie des urnes, pour éviter des violences inutiles. Par contre, il ne s'implique pas sur le cap à prendre comme s'il voulait se décharger d'un fardeau qui commence à lui peser, tout en prenant à témoin l'opinion internationale sur sa volonté à passer la main. Hillary Clinton en aura la primeur dès aujourd'hui, à son arrivée à Alger. Comme une chose n'arrive jamais seule, hier, une lettre a été adressée aux médias algériens par le ministère de la Défense nationale leur demandant de supprimer de leur vocabulaire journalistique le terme “la Grande muette” et le remplacer par “Armée nationale populaire”. Cette correspondance anodine aurait pu passer inaperçue si elle n'était pas envoyée un vendredi, comme s'il y avait une urgence à passer un message, au lendemain du discours d'Oran par le président de la République et néanmoins ministre de la Défense. Difficile de ne pas faire de lecture. La lettre souligne le rôle de l'institution dans “l'édification d'un Etat fort et moderne” et que les militaires de par le monde, après la Seconde Guerre mondiale, “recouvrent leur droit de vote et d'expression”. Simple rappel historique ou message ? S'il ne devait s'agir que d'une question de sémantique, un courrier en interne et personnalisé aurait suffi à recadrer l'appellation, mais ce n'est pas le cas du fait que la manière choisie et le moment militent pour une médiatisation de cette sortie qui ne semble pas anodine. La première lecture qui vient à l'esprit est un soutien au Président et à son discours et que si le pays venait à se trouver en danger, l'ANP s'exprimera. Lecture rapide et, peut-être, facile. Attendons pour mieux percer la communication de nos gouvernements qui s'expriment à demi-mot. O. A. [email protected]