“L'Algérie est classée à la 93e place dans le monde. Les Marocains et les Tunisiens nous devancent de loin”, souligne le secrétaire permanent du conseil national des assurances lors d'une conférence sur l'économie de l'assurance animée, hier, par François Xavier Albouy de l'université de Paris Dauphine, à l'INPS de Ben-Aknoun. Selon M. Messaoudi, le secteur des assurances a régressé à la faveur de la libéralisation économique en Algérie. Il ne participe qu'à hauteur de 3 à 4% à la croissance. Le secteur des assurances a enregistré une baisse significative “des primes dommages”. C'est que sous le monopole, toutes les entreprises et institutions publiques s'assurent. Aujourd'hui, le nombre d'entreprises publiques a fortement baissé. Les entreprises privées, notamment les moyennes et petites entreprisses, sont moins regardantes. “Elles considèrent ces primes de risques comme des coûts supplémentaires injustifiés”, nous dit-on. Du coup, la prime de risque moyenne par habitant en Algérie tourne autour de 9 à 11 dollars. Alors qu'elle est estimée à 80 dollars au Brésil et 40 dollars en Russie. Le marché reste toujours fortement marqué, du moins sur le plan quantitatif, par la prédominance des assurances à caractère obligatoire (automobile garantie de base et incendie pour les entreprises publiques) et par la faiblesse des assurances de personnes. Cette dernière catégorie (assurances des personnes) ne représente que 5% de l'ensemble du marché, avec un taux de pénétration (production par rapport au PIB) jugé médiocre, très loin de celui de la Tunisie et du Maroc. Les raisons de la faiblesse des assurances de personnes sont multiples, affirme M. Messaoudi. Au-delà de l'aspect d'ordre religieux, qui fait que les Algériens se fient plus au “mektoub”, des obstacles d'ordre institutionnel freinent le développement de cette catégorie d'assurances. “Le développement de l'assurance crédit caution est limité par le poids du droit”, affirme M. Messaoudi. L'assurance crédit caution sera le thème du 4e forum des assurances, prévu pour le quatrième trimestre 2004. Pour l'assurance vie, la principale raison est liée à des dispositions juridiques. Toutes les législations considèrent les capitaux correspondant au contrat d'assurance comme étant des capitaux acquis aux bénéficiaires. Ils ne font pas partie du patrimoine successoral. En Algérie, le capital décès, par exemple, au lieu de revenir au bénéficiaire désigné dans le contrat, sera versé dans le patrimoine successoral du souscripteur et tombe ainsi sous la loi sur l'héritage. Selon Messaoudi, le développement des assurances des personnes est limité aussi par le poids de la sécurité sociale. “Aujourd'hui, la sécurité sociale assure 80% des prestations au niveau formel. Mais au niveau réel, personne ne le sait. Il y a un problème de transparence qui se pose”, souligne-t-il. En tout état de cause, la conférence de François Xavier Albouy a démontré que la profession et le marché algérien de l'assurance ont évolué en marge des développements et des modernisations qu'a connus l'activité depuis quatre décennies dans le monde. Aujourd'hui, le grand défi posé aux acteurs du marché algérien est de s'intégrer en mettant l'accent sur la modernisation. M. R.