Liberté : Vous avez développé, lors du débat, l'idée d'une protection supplémentaire des journalistes. Pourriez-vous nous en dire un peu plus là-dessus ? Me Zoheir Soudani : Avant de parler de professionnalisme ou de faire des critiques sévères vis-à-vis des journalistes, il faut préalablement leur donner les garanties nécessaires, une protection supplémentaire et les traiter dans un cadre juridique, dérogatoire aux droits communs. Pour cela, nous avons besoin d'une loi sur les libertés, une loi qui reconnaisse d'abord la notion de délit de presse et qui ensuite le dépénalise. Qu'est-ce qu'il y a lieu de faire dans l'immédiat ? Dans l'immédiat, il faudra, d'une part, abroger les peines de prison et, d'autre part, introduire la notion de bonne foi chez le journaliste. On ne peut condamner un journaliste, que lorsqu'il agit de mauvaise foi. Mais, qui est habilité à “mesurer” la bonne ou la mauvaise foi ? Il appartient aux juges de définir une jurisprudence qui permettrait de cerner ces concepts. Mais, j'ajouterai que les hommes publics, et notamment le pouvoir, doivent avoir pour culture d'accepter la critique et de laisser une justice indépendante jouer son rôle de régulateur.