Résumé : Louisa dévalise les magasins de Paris. Elle se permettra même des extravagances. Kamel lui reproche de dépenser ses économies, mais faisant fi de ses remarques, elle lui proposera de s'approvisionner en produits alimentaires… Elle avait envie de manger de bonnes choses. De retour chez elle, elle est surprise ! Nna Daouia parlait à quelqu'un. Je fais à peine deux pas, que je reconnus la voix de mon frère : - Aïssa, m'écriais-je… Aïssa mon frère… Enfin tu es là ! Mon frère me serre dans ses bras, et je donne libre cours à mes larmes. La nostalgie ! Aïssa aussi paraissait ému. Il me regarda et me repris dans ses bras un long moment, avant d'embrasser Kamel. Nous étions enfin réunis ! Je n'en croyais pas mes yeux ! Nna Daouia contemplait le spectacle en silence… Disons que ses yeux ne cessaient de fureter dans les nombreux paquets que Kamel avait déposés par terre. Je revins à la réalité. Je vais tout de suite déposer mes petits trésors dans ma chambre, avant de revenir pour mettre dans la cuisine toutes les provisions ramenées de Paris. Ma mère aussi m'avait gâtée. Aïssa avait ramené de l'huile d'olive, du miel, des olives, du beurre frais, de l'orge, du couscous, des figues sèches et j'en passe. Je reçus aussi des gandouras et des foulards offerts par quelques cousines. Je prends deux foulards et les tendis à ma belle-mère : - Les robes ne t'iraient pas, mais les foulards, tu pourras les porter. Elle fut contente de recevoir quelque chose de neuf et vint me chuchoter à l'oreille : - Je n'ai pas voulu préparer le dîner sans ta présence. Je ne connais pas les goûts de ton frère… C'est notre invité, et nous devrions songer à un repas moins austère… Heu… Je veux dire moins “maigre” que ce que nous prévoyions habituellement. Il y avait de quoi le préparer ce repas ! Comme par hasard, ce jour-là j'avais fait des courses et j'avais même ramené un bon morceau de viande ! - Ne t'inquiète pas Nna Daouia… Ma mère m'a envoyé du couscous roulé et séché, et j'ai acheté des légumes frais et de la viande. Ma belle-mère salivait : - Qu'attends-tu donc pour aller nous préparer un succulent couscous… Hum… J'en rêve ! Laissant Aïssa avec mon mari et mon beau-père, je m'esquive dans la cuisine. Ma belle-mère s'était déjà emparée des paquets de provisions et les scrutait un par un : - Tu as dépensé une fortune… Je ne savais pas que tu avais autant d'argent. Elle me regarde avant de s'approcher de moi : - Tu devrais songer à économiser sur tes petits revenus… Kamel ne pourra jamais construire une maison au bled si tu ne l'aides pas. - Pourquoi donc ? Vous avez déjà une grande et belle maison… Je pense qu'il aura sa part d'héritage là-dessus. Ma belle-mère continuait à ouvrir les sachets, et je l'entendais pousser de petits cris gloussants à chaque découverte : - Du pain blanc, du fromage, des œufs, des yaourts… Tout ça pour nous ! Elle découpe une grande tranche de pain, et étale une large couche de fromage dessus, avant de se mettre à manger avidement. - Cela fait longtemps que je n'ai pas goûté au pain blanc, encore moins au fromage. Je remuais la viande dans l'huile d'olive, avant de rajouter des oignons frais : - Ne t'en prends qu'à toi belle-maman… Je ne vois pas pourquoi tu te prives tant, alors que vous pouvez tous vivre normalement. Elle ne put me répondre sur-le-champ, occupée qu'elle était à mastiquer et à engloutir tout ce qui lui tombait sous la main. Une bonne odeur de viande et de couscous se répandit dans la cuisine. La vapeur dégagée par le couscoussier “m'injectait” de la chaleur, alors que je commençais à geler. - Je vais mettre tout ce que ta maman t'a envoyé dans le placard, et après le dîner, nous nous occuperons de tout ce que tu viens de ramener. Je dépose brutalement ma louche : - Non ! - Hein ? - J'ai dis non ! Tu n'en feras rien… Je te connais assez maintenant. Comme à tes habitudes, tu vas fermer ce placard à clé et nous donner des miettes de nourriture selon ta bonne volonté. - Mais Louisa ma fille… Toute cette nourriture suffira à nourrir un régiment ! Tu vois bien que cela nous permettra de vivre plus à l'aise pendant quelque temps, et surtout d'économiser sur les dépenses quotidiennes. (À suivre) Y. H.