La télévision algérienne a consacré, dimanche soir, une émission, intitulée La question de l'heure, aux modalités de rattrapage du retard occasionné par la grève des enseignants du secondaire. Sur le plateau plusieurs parties : la tutelle, les parents d'élèves, un pédagogue et des élèves pour trouver la formule magique. Absents au débat : les… enseignants ! Ne sont-ils pas les principaux concernés, eux qui sont appelés à appliquer ce même programme de rattrapage ? N'ont-ils pas de solutions à proposer sur la question, eux qui sont les plus près des réalités du terrain ? Non. Tout bonnement, on a décidé de se passer de ces “pestiférés” de l'Algérie de 2003. On n'a daigné convier au débat aucun des syndicats animateurs de la grève. Pas même un enseignant “neutre”, histoire de sauver les apparences. Le coordinateur du Cnapest, Méziane Mériane, contacté, est catégorique : “Personne ne nous a invité à ce débat”. Mais il est loin d'être surpris par cette “omission” qui s'inscrit en droite ligne “du mépris dans lequel le pouvoir tient la société”. Aussi, le représentant du ministère de l'éducation nationale a-t-il eu beau jeu durant le débat. Il a gagné à ses vues toutes les parties, sans heurt aucun. Pour lui, il y a possibilité de rattraper le retard sans défalquer les vacances, sans cours supplémentaires les lundi et vendredi et sans prolonger les journées de travail au-delà de 17 heures. Une seule condition suffit : prolonger l'année scolaire jusqu'à fin juin. Le coordinateur du Cnapest, lui aussi, croit à la possibilité de rattraper le retard “sans surmener nos élèves”. Mériane parle en enseignant ayant engrangé un capital expérience de 24 années et qui a vécu plusieurs fois des situations similaires. Tout en conditionnant bien sûr que ce programme de rattrapage soit tracé par les inspecteurs de chaque matière. “C'est aux réunions pédagogiques de donner des orientations précises”, a-t-il ajouté. Ce mépris à l'égard des enseignants n'est pas à mettre sur le seul compte de l'Unique. Sur ce point, la palme est à décerner au département de Benbouzid. Après toutes les misères qu'il a fait subir aux enseignants, le voilà qu'il concocte un programme sans les avoir associés. Même les syndicats “agréés” comme la Fnte, pourtant conviés à la “négociation” couronnée par les augmentations de 5 000 DA, n'ont pas pris part à cette phase d'après-grève. Moralité : tout un chacun a le droit de donner son avis sur ce qui a trait à l'école, sauf l'enseignant. A. C.