CONSTANTINE La fin d'un cauchemar Les profs de Constantine ont rejoint, hier, leur poste de travail, fermant ainsi la parenthèse d'un mouvement de protestation qui n'a que trop duré. Une virée à travers les plus importants établissements de la ville, le jour de l'entrée en vigueur de la décision de reprise adoptée par le Cnapest, nous a fait découvrir un retour à la normal dans la sérénité. Selon les informations recueillies sur place, toutes les mesures coercitives ont été levées. Il faut dire qu'à Constantine, l'administration a, dès le départ, traité ce sujet délicat avec beaucoup de précaution et de sagesse. Ainsi, hier, à Constantine et comme sortis d'un long cauchemar, élèves et enseignants ne pensaient qu'à une chose : comment rattraper le temps perdu ? Toutefois, certains enseignants ne se sont pas empêchés de constater que si une halte vient d'être observée dans le débat concernant la question de la pluralité syndicale, il arrivera un jour où la société sera appelée à trancher définitivement, car il s'agit d'une question intimement liée à la dynamique socio-politique du pays. MOURAD KEZZAR ORAN UN ACCUEIL CHALEUREUX C'est sous les youyous, les applaudissements et parfois autour d'une collation que les enseignants du Cnapest ont repris le travail. Eprouvés moralement et physiquement, les PES d'Oran ont retrouvé leurs élèves qui, dans la majorité, leur ont réservé un accueil chaleureux. Au lycée Lotfi, des enseignants de la terminale ont trouvé des mots de bien venue, alors que du côté de l'administration de l'établissement, des vacataires attendaient pour s'enquérir probablement de ce qui va advenir d'eux. Dans certains établissements, les proviseurs et les directeurs ont forcé des PES à signer des PV de reprise. Beaucoup d'enseignants ont refusé, ceux qui ont cédé avaient pour consigne de la part de leur organisation de noter qu'ils étaient en grève.“Cette façon de procéder est encore une autre tentative de faire pression sur les PES. C'est de la provocation”, nous dira un enseignant qui estime que “le conflit n'est pas terminé”.Dans l'après-midi, les membres du bureau de wilaya du Cnapest faisaient le point sur le déroulement de cette reprise qui semble s'être passée calmement. Pour l'heure, les PES sont à l'écoute de la direction du Cnapest d'autant plus que M. Mériane n'a pas vu les mesures de sanction prises contre lui levées. D'aucuns se disent près à protester “sous une autre forme si les pouvoirs publics ne respectent pas leurs engagements”. “Mais nous pensons à nos élèves...”, nous dira un délégué. À noter que les délégués du bureau de wilaya du Cnapest ne se sont toujours pas vu restituer leurs papiers d'identité. Ces derniers, lors de la dernière semaine de grève, avaient été retenus chaque jour au commissariat central de 8 heures jusqu'à 19 heures en violation des lois et des droits les plus élémentaires. F. Boumediene Sétif Entre soulagement et inquiétude Répondant à la décision de gel de la grève annoncée par le Cnapest, les 2 300 professeurs de l'enseignement secondaire et technique de la wilaya de Sétif ont repris, dans la matinée d'hier, le chemin des lycées, après un débrayage qui a duré plus de deux mois. Les élèves, leurs parents et même les professeurs ont accueilli la décision avec un grand soulagement. Les professeurs ont été accueillis, devant le portail des lycées, avec des youyous et des applaudissements, mais les élèves n'ont pas caché leur inquiétude quant à l'éventualité de recourir à la grève si le gouvernement ne répond pas favorablement aux revendications de leurs professeurs, à savoir la revalorisation de leurs salaires à 100%, l'élaboration d'un statut particulier pour le professeur du secondaire et le droit à la retraite après 25 ans de travail. Rappelons que la décision adoptée, jeudi dernier, par le Cnapest a été conditionnée par la levée de toutes les sanctions administratives et poursuites judiciaires contre les grévistes, tout en insistant sur la participation des professeurs dans l'établissement du programme de rattrapage. Notons que les professeurs ont apprécié le fait que leurs élèves ont approuvé et soutenu leur mouvement de protestation. “Nous avons repris pour éviter l'année blanche à nos élèves qui nous ont soutenu et qui ont approuvé notre mouvement de grève, surtout lorsqu'ils ont refusé de nous remplacer au pied levé par des universitaires sans expérience pédagogique”, souligne M. Larbi Nouar, représentant des professeurs de Sétif et enseignant au lycée Malika-Gaïd. FAOUZI SENOUSSAOUI