Résumé : Kamel déniche un appartement au centre de Paris. Louisa est si heureuse qu'elle propose de payer une avance de six mois sur le loyer. Elle demande à son mari de l'emmener visiter leur future maison, et en revint enchantée. Le moment de quitter la mansarde et la belle-famille est enfin arrivé. Après le déjeuner, je l'entraine dans les magasins de meubles et de vaisselle. Je pensais déjà à mon nouvel appartement… J'étais vraiment pressée d'y habiter. Nous fîmes quelques courses avant de rentrer, et je me mets à chanter une rengaine de chez-nous en montant les marches délabrées des escaliers pour rejoindre notre mansarde. Na Daouia pleura encore cette fois-ci lorsque Kamel lui apprit que nous allions déménager. - Qui va donc nous soutenir dans nos vieux jours ? ne cessait-elle de se lamenter. Da l'Hocine était triste mais il ne le montra pas trop. Il me rassura en me disant qu'il était plutôt content de nous savoir enfin heureux et chez-nous comme tous les couples modernes. Le mois de préavis passe. Je demande à Kamel de prendre quelques jours de congé afin de m'aider à nous installer dans notre nouvel appartement. Nous entreprîmes de faire les derniers achats nécessaires, puis je prépare nos valises. Le moment de quitter la piteuse habitation de mes beaux-parents était venu. Ma belle-mère versa d'autres larmes en me serrant dans ses bras. Da l'Hocine proposa de nous aider à transporter nos bagages jusqu'au bas de l‘immeuble où une camionnette de location nous attendait. Au moment de quitter les lieux, Na Daouia me tire par le bras : - Kamel m'a dit que votre appartement était très spacieux. - Oui… il est en tous les cas bien plus spacieux que le vôtre… Je me mets à rire : - Bien sûr belle-maman… Tu te rends compte au moins que je vais habiter un appartement et non une mansarde ? Ma belle-mère me jette un regard où se lisait la malice et lance d'une petite voix : - Je me disais que si c'était le cas, nous pourrions tous y habiter ensemble, moi et ton beau-père vous rejoindrons, et nous serions réunis sous le même toit. Je demeure sans voix ! Moi qui voulais avoir mon indépendance ! Moi qui avais trimé dur pour gagner la confiance de mon mari, et l'emmener à accepter de quitter le toit parentale, rien que pour ne pas avoir Na Daouia et sa varice sur le dos toute la journée, voici que j'apprends que ma chère belle-mère avait de son côté fait ses comptes. Je redresse la tête et empoigne ma valise : - Na Daouia, je pense que tu as choisis ton lieu de résidence depuis de longues années déjà… Je ne vois pas pourquoi tu veux changer… N'est ce pas que le loyer ici est bien moins coûteux qu'ailleurs ? - Mais nous allons habiter chez mon fils, ma chère belle-fille pas chez des étrangers. - Vous allez habiter chez-moi… ! J'avais lancé cette réplique sans trop réfléchir. Kamel n'avait jamais dévoilé à ses parents que c'était grâce à mes revenus qu'on avait pu payer un bail de six mois. Je me reprends vite pour lancer d'une voix plus douce : - Na Daouia, Kamel veut faire sa vie… Il veut vivre comme tous les couples de notre génération. Cela ne veut pas dire que vous n'allez pas venir nous rendre visite, ou passer quelques jours chez-nous. Je… je suis désolée… je ne voulais pas te blesser belle-maman. Na Daouia laisse couler deux longues larmes sur ses joues, et j'entreprends de descendre les escaliers avec la valise au bout du bras. Enfin je suis chez moi ! J'ouvris toutes grandes les fenêtres pour aérer les lieux. L'ancien locataire n'avait pas pris toutes ses affaires. Moyennant une petite somme, il nous avait laissé une cuisinière, une table de cuisine, un petit salon, et une chambre à coucher… Le luxe pour moi qui n'avait jamais vécu dans un tel lieu ! Je me mets tout de suite à laver et à nettoyer. J'accroche des rideaux aux fenêtres, j'étale des tapis sur le sol, je frotte le carrelage de la cuisine et de la salle de bain, avant de me permettre un bon bain chaud et relaxant. Chez Na Daouia, on se contentait de se laver avec un seau d'eau et dans un réduit, à peine suffisant pour se tenir debout, dans lequel je grelottais de froid. Ici, j'avais non seulement de l'eau chaude et une baignoire, mais je pouvais aussi user à satiété des produits que j'avais achetés dans les magasins de cosmétiques : mon shampoings, mon bain moussant, mes savonnettes, mes crèmes d'entretien. Comme toutes les femmes, j'aimais me sentir dans mon élément. Je voulais me montrer jeune et belle aux yeux de mon mari. Et maintenant que je pouvais me le permettre, pourquoi m'en priver ? (À suivre) Y. H.