Pour le leader du MDS, les démocrates ne doivent pas participer à l'élection présidentielle d'avril 2004. Le secrétaire général du MDS, El-Hachemi Chérif, est loin d'avoir changé de cap. Pour lui, la voie électorale ne peut en aucun cas être celle qui fera sortir l'Algérie de l'ornière. Au contraire, elle la mènera droit vers l'impasse. La solution ? Une période de transition. Voilà schématiquement le point de vue défendu par El-Hachemi Chérif lors d'une conférence de presse animée hier au siège de son parti. “Nous voulons dire à l'opinion publique que le MDS a toujours la même analyse de fond des développements de la situation en Algérie. Il s'en tient, plus que jamais, à sa ligne stratégique”, a-t-il clamé de prime abord. La solution du MDS est contenue dans un document intitulé “Pour un changement démocratique moderne par la voie de la transition”. Un document vieux de trois ans, que le parti a remis au goût du jour. “Nous préconisons une solution plus pacifique, plus constructive et plus consensuelle. Nous estimons que c'est la seule possibilité de sortie de crise. Ce n'est pas les autres qui vont le faire. Au contraire, ils l'y enfonceront davantage”, a-t-il soutenu. Pour lui, “l'ensemble des partis rament à contre-courant pour essayer de coller au mouvement de la société. La classe politique actuelle est obsolète”. Pour El-Hachemi Chérif, les démocrates ne doivent pas participer à l'élection présidentielle d'avril 2004. Il estime qu'y aller n'est rien d'autre que “cautionner le maintien du système et banaliser l'islamisme”. Aussi, il leur lancera un appel pour s'épargner “la lourde responsabilité d'entraîner la société dans de nouvelles illusions électoralistes”. Une telle position ne risque-t-elle pas de gêner plutôt les démocrates qui seraient intéressés par la participation à cette présidentielle ? Ce n'est pas son avis. “Non ce n'est pas la position du MDS qui démobilisera un quelconque parti. Ses voix ne manqueront qu'à ceux qui se sont trompés de stratégie ou de calcul”, a-t-il rétorqué. C'est plutôt la crise de l'Etat et l'échec des différentes réformes qui alimentent la démobilisation, le mécontentement et “la distanciation des électeurs par rapport à la chose électorale”. “Les voix du MDS ne manqueront qu'à ceux qui se sont trompés de stratégie et de calcul”, assène-t-il encore. Et “sans des signaux forts qui garantissent une issue républicaine, démocratique et moderniste de toute élection, il est impossible de mobiliser la société dans des proportions supérieures à celles des dernières élections législatives et locales”. En outre, le secrétaire général du MDS considère que l'élection présidentielle a commencé avant terme. “Elle a commencé depuis des mois déjà par des coups d'Etat contre les forces démocratiques et qui se font à l'intérieur du FLN”. Alarmiste, il prévient que si dans le futur, d'autres alternatives, autres qu'électorales, ne voient pas le jour, et avec le maintien en l'état de la pression de Bouteflika sur la société, “on va au devant de déchirements extrêmement dangereux”. Par ailleurs, le “candidat du consensus”, à savoir Benflis, tel qu'a voulu le faire accroire le CCDR, ne semble pas agréer le MDS. Pour lui “le FLN ce n'est pas Benflis”, c'est un parti “hybride” qui ne lui est pas totalement acquis. Tout comme il a invité à voire l'homme dans toutes les contradictions de son parcours à savoir qu' “il était partisan de Sant Egidio ; il était le chef de campagne de Bouteflika, son chef de cabinet et son chef du gouvernement”. Donc pour El-Hachemi, le salut ne proviendrait pas du processus électoral qui n'est pas “un nouveau Coran”, mais plutôt dans la transition démocratique. Pour lui, les chances de réussite de sa solution sont réelles. Pour peu que les forces démocratiques aient une conscience aiguë des enjeux. Comprendre adopter sa “recette”. Ce qui est loin d'être le cas. Le RCD, l'ANR et le CCDR partagent tous la nécessité de la présence d'une candidature démocrate à la prochaine présidentielle. A. C.