Les opérations d'achat à l'étranger sont à la source d'une série de scandales ces derniers mois. Selon les experts au fait des affaires du secteur économique, il s'avère que les groupes cimentiers se retrouvent lourdement lésés dans leurs droits et intérêts, y compris dans la mise à exécution de la transaction commerciale concernant l'importation de un million de tonnes de ciment. Pour rappel, l'histoire du poids des sacs inférieur d'environ 14 % à celui prévu contractuellement, selon certains responsables de l'ERCC, commence à dévoiler certains faits à travers ce fameux contrat d'importation réalisé par la SGP ciment en 2003, et qui au demeurant a défrayé la chronique. “C'est ainsi qu'il y aurait présence de deux sociétés étrangères, HC Trading et Meta, dont le chargé d'affaires est le même ; et la première société aurait remporté curieusement le contrat. En outre, précisent-ils, les règles de la concurrence ne permettent en aucune manière à plusieurs sociétés de soumissionner pour une même affaire en se faisant représenter, en plus durant les négociations, par une seule et unique personne physique, quand bien même mandatée. Le moins que l'on puisse dire dans ce cas précis, c'est qu'il y a non seulement entente entre lesdites sociétés, mais en plus une éventuelle collaboration entre les parties. Ce que proscrit formellement le code pénal algérien dans ses articles 126, 127, 128 et 423. Car, si c'est le cas et par extension, il serait alors possible à un nombre illimité de sociétés — même si elles existent réellement —, ayant un intérêt commun, de participer à un avis de consultation, sans qu'il y ait pour autant la moindre concurrence digne de ce nom”, confie une source sûre. Une source du groupe ciment de l'ouest nous informe, par ailleurs, que le contrat de livraison de 300 000 tonnes de ciment que leur filiale de distribution a signé au cours de la 1re quinzaine du mois de juillet 2003 — signature accompagnée d'un festin somptueusement organisé au port d'Alger — n'a pas connu de début d'exécution. Or, une de ses clauses prévoit la résiliation après une période de deux mois. Cette grotesque faille n'aurait pas empêché, néanmoins, le PDG de ce groupe de demander à la SGP ciment un accord en vue de résilier ledit contrat. Proposition hélas trop tardive, mais qui vient toutefois mettre le directoire de cette institution dans une situation inconfortable, voire périlleuse. Cette situation peu orthodoxe confirme bien les craintes que certains quotidiens de la presse nationale avaient développées auparavant et relatives particulièrement à la double impossibilité pour que, d'une part, le fournisseur livre à la SGP cette quantité de un million de tonnes et, d'autre part, que cette dernière arrive à mettre tout ce volume sur le marché national avant le 31 décembre. Le délai de 5 mois figurant dans le cahier des charges et arrêté par cette même société, au demeurant en contradiction avec la décision du gouvernement prévoyant son exécution s'étalant sur les années 2003 et 2004, ce délai donc reste, de l'avis de plusieurs spécialistes en la matière, énigmatique et porteur de plusieurs risques. La gestion par la SGP de cette affaire, considérée par certains au début comme une prouesse jamais réalisée avec tant d'éclats, s'inscrit malheureusement au fur et à mesure de son exécution en totale contradiction avec les intérêts des entreprises de son portefeuille et en parfaite opposition aux orientations, pourtant clairement définies par le gouvernement. Plus grave, selon toujours notre interlocuteur, il y a eu même l'ouverture d'une lettre de crédit d'un montant de plusieurs milliards de centimes au niveau de la BEA d'Oran. Beaucoup plus tard, le ciment n'était pas encore livré. Pourtant, certains responsables de l'ERCO et de la SGP ciment savaient que le quai auquel était destiné le silo flottant était bel et bien loué par l'entreprise portuaire d'Oran à un autre opérateur en ciment jusqu'à la fin de l'année 2003. Cette situation pourrait amener la société étrangère HC Trading à ne pas rembourser cette importante somme qu'elle pourrait éventuellement revendiquer le moment venu en contrepartie des dommages et intérêts subis. Aujourd'hui, et à cause de la saturation du marché national, les livraisons de ciment sur les autres ports d'Alger et d'Annaba restent largement en deçà de ce que prévoient lesdits courants. Dans ce cas, le fournisseur est en droit de demander le paiement de 5% sur le prix négocié avec le SGP ciment, du fait du retard enregistré dans les enlèvements par les ERC. Sauf, évidemment, si l'acheteur apporte des preuves tangibles que la responsabilité de ce retard n'est pas la sienne. Si l'on se réfère aux informations fournies par l'administration des douanes algériennes, selon lesquelles le ciment gris importé par plusieurs opérateurs privés aurait coûté dans la majorité des cas l'équivalent de 44 dollars US la tonne, tout porte à croire que la tonne de ciment, déjà payée au prix exorbitant de 49,75 dollars, et importé dans ce cadre par la SGP, coûterait 65 dollars US environ la tonne en sachets, soit un surcoût supplémentaire de 30% représentant la coquette somme de 15 millions de dollars environ. Notre interlocuteur précise que le principal négociateur de cette affaire, congédié quelques jours auparavant, vient de connaître une fulgurante promotion à la tête du groupe ERCE et d'aucuns ne comprennent pas le véritable mobile ayant conduit la SGP ciment à faire précisément ce choix. Décidément, au train où vont les choses, cette affaire connaîtra probablement d'autres rebondissements qui ne font forcément que noircir encore l'image de la République. S. T.