C'est la première fois dans l'histoire de l'éducation nationale que tous les corps confondus du secteur montent au créneau. Des directeurs d'établissement scolaire, aux enseignants, aux inspecteurs, aux conseillers d'orientation en passant par les censeurs, les corps communs jusqu'aux adjoints d'éducation et ouvriers professionnels... tous ont usé de leur droit de grève. Les épreuves du BEM de la session 2012 se terminent aujourd'hui et commencera alors la longue attente des résultats prévus le 2 juillet prochain. Programmée en dernier après l'examen de fin du cycle primaire et du baccalauréat, l'épreuve du BEM marque aussi l'achèvement de l'année scolaire 2011-2012. Plus que quelques semaines, le temps de la proclamation des résultats des trois examens et tous les établissements scolaires seront fermés pour trois mois de vacances. Des vacances bien méritées notamment pour les élèves qui ont fourni beaucoup d'efforts durant l'année scolaire 2011-2012. Une année scolaire qui n'aura pas été de tout repos pour toute la famille de l'éducation. Celle-ci aura été des plus mouvementée ! Même Dame nature aura fait des siennes provoquant la fermeture des établissements durant une longue période ! Il est vrai que durant ces dernières années la fronde sociale de l'éducation est devenue une tradition, mais la contestation qui a marqué le département de Benbouzid durant l'année scolaire 2011-2012 restera dans les annales. La raison ? Jamais dans l'histoire du secteur qui collectionne pourtant d'innombrables mouvements de grève, la protestation n'a été aussi large et diversifiée. Elle a touché tous les corps confondus de l'éducation. Des premiers responsables d'établissement scolaire, aux enseignants, aux inspecteurs, aux conseillers d'orientation en passant par les censeurs, les corps communs jusqu'aux adjoints d'éducation et ouvriers professionnels... tous ont usé de leur droit de grève. Ils ont eu chacun leur part “de la perturbation et la paralysie” des établissements scolaires. La diversité des corps exerçant dans le secteur et la multiplication des formations syndicales n'a guère arrangé les choses. Des fonctionnaires appartenant à un même corps sont affiliés à divers syndicats. À peine, un groupe de travailleurs reprend du service qu'un autre monte au créneau à l'appel de sa formation syndicale. Le tant controversé statut particulier ! Au début de la rentrée scolaire 2011-2012, rien ne laissait présager une telle perturbation. C'est depuis Tindouf où il a procédé au coup d'envoi officiel que Benbouzid a tenté de rassurer ses fonctionnaires. “Toutes les revendications consignées dans les procès-verbaux officiels signés en avril 2011 trouveront leur solution dans une démarche coordonnée avec les enseignants et les syndicats nationaux qui n'exclura aucune catégorie de travailleurs, y compris les adjoints d'éducation et les intendants”, s'était-il engagé. M. Benbouzid a même saisi cette occasion pour appeler les travailleurs du secteur à la nécessité de faire preuve “d'esprit responsable” et de “vigilance”. La stabilité a caractérisé les premiers mois de la rentrée d'autant que le département de Benbouzid n'a, à aucun moment, fermé les portes du dialogue. Il faut reconnaître que c'est le seul et unique ministère qui a fait l'effort de régler les problèmes de son secteur autour d'une table. Tout s'annonçait bien surtout que la tutelle a tout fait pour éloigner le spectre de la grève des établissements scolaires. Mais l'inévitable a fini par arriver ! La révision du décret exécutif portant statut particulier des travailleurs de l'éducation a été l'élément déclencheur d'une longue série de contestations. Les principaux syndicats de l'éducation ont pris à bras le corps les revendications socioprofessionnelles de tous les corps régis par ce statut. Leadership syndical oblige ! La tutelle ouvre des rounds de consultation et chaque syndicat a présenté ses propositions en croyant qu'elles seraient prises en considération. La première mouture présentée par la tutelle portera un coup dur à la stabilité du secteur. Ce fut le clash ! Le troisième trimestre sera des plus perturbés. Les syndicats usent de tous les moyens pour faire aboutir leurs revendications. Tous les corps montent au créneau à l'appel de leurs syndicats. Les consultations reprennent et d'autres moutures ont été proposées aux syndicats mais rien n'y fit. Les partenaires sociaux exigent un statut sur mesure en agitant la menace de grève. Ne sachant plus quoi faire, la tutelle décide d'approuver à son niveau toutes les modifications et s'engage à les défendre devant la commission ad hoc. Mais nouvelle déception qui en cache une autre et une plus grande avec l'arbitrage du Premier ministre. Les modifications ne sont pas du goût des travailleurs. Des augmentations salariales pour les enseignants ! À moins de deux mois du début des examens scolaires, le Cnapest lance une grève illimitée pour faire pression sur le ministère qui n'a eu d'autres choix que de céder en lâchant du lest. La mobilisation des enseignants a vite payé puisqu'ils ont eu droit à des augmentations salariales conséquentes atteignant plus de 13 000 DA pour ceux qui ont cumulé plus de 20 ans d'activité pour mettre fin à leur mouvement. Usant de la même astuce, les autres syndicats du cycle primaire n'ont pas réussi à tirer les mêmes dividendes. La tutelle fera la sourde oreille en dépit de la réussite de la grève lancée par l'Unpef. Le rendez-vous électoral du 10 mai incitera l'Unpef à geler son action. Idem pour le SNTE. Les deux syndicats se sont contentés de lancer des appels pour le gel de la promulgation du statut amendé. Le président de la République a été interpellé à maintes reprises. Les syndicats : “Chaude sera la rentrée scolaire 2012-2013” Ne lâchant pas prise, les syndicats du secteur à leur tête le SNTE et l'Unpef qui ont réussi à mobiliser divers corps qui se disent lésés notamment les adjoints d'éducation, les directeurs d'école primaire, les conseillers à l'orientation, les inspecteurs, les corps communs... prévoient déjà une rentrée scolaire 2012-2013 “chaude et perturbée”. Les deux syndicats comptent reprendre leur combat là où ils l'ont arrêté jusqu'à ce que les pouvoirs publics acceptent leurs propositions d'amendement. Enfin, le bilan de l'année scolaire n'aura pas été des plus reluisants sur le plan de la stabilité et de l'achèvement du programme. Il le sera tout de même sur le plan des résultats de fin d'année. Un paradoxe que seul Benbouzid est à même d'en dévoiler la recette ! M B