Mériane, coordinateur du syndicat, accuse le ministère de l'Education nationale de trahison, double discours, irresponsabilité, fuite en avant et de mauvaise gestion. Pour preuve, à l'issue de son conseil national de jeudi, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a convié tous les enseignants à observer, mardi prochain, une journée de protestation et un arrêt de travail. Pourquoi ce rebondissement dans le bras de fer enseignants-ministère de l'Education nationale ? C'est parce que “des professeurs sont toujours maintenus en suspension ou radiés, dont le coordinateur et des membres du bureau national et d'autres profs qui ont été destinataires de décision de suspension juste après la reprise des cours”, lit-on dans un communiqué du Cnapest. Son coordinateur, M. Méziane Mériane, a soutenu, lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège du CNES, que “cette journée de protestation est ouverte à tous les enseignants” de tous les paliers : primaire, moyen, secondaire et supérieur. Il s'est dit “optimiste” quant à sa réussite et “serait une gifle à ces syndicats soi-disant représentatifs de la majorité” auxquels il reproche leur “silence complice”. Pour lui, “on ne peut pas garder la neutralité devant un tel délit, dont s'est rendue coupable la tutelle”. La liste des reproches faits à cette dernière est longue : trahison, double discours, irresponsabilité, fuite en avant et mauvaise gestion. Pour expliquer “le double discours de Benbouzid”, Mériane a avancé trois hypothèses : retourner la société civile contre le Cnapest, découpler la base du bureau national du syndicat et, enfin, “parasiter” la circulaire de Benbouzid à des fins de pourrissement. Pour Mériane, cet état de fait profite à “un clan du pouvoir”. “L'objectif est la sauvegarde du régime. On n'est pas dupe. Le Cnapest est devenu un enjeu politique”, dira-t-il. Aux accusations d'inféodation de son syndicat à des forces occultes, Mériane répond par un défi : “Que celui qui connaît ces forces les citent et les dénoncent pour que la société civile puisse prendre une position claire.” En outre, Méziane Mériane a déploré le fait qu'au moment où les enseignants sont empêchés de rejoindre leurs classes, “aucune voix ne s'est élevée pour crier à la trahison et à la hogra”. D'ailleurs, un des objectifs de la journée de protestation de mardi prochain est de dénoncer “le silence de la société civile en général et les associations de parents d'élèves en particulier”. Cette action se veut aussi un message à la tutelle pour lui faire comprendre qu'“à tout moment, la base peut répondre à l'appel du syndicat”. Le coordinateur du Cnapest a énuméré une quinzaine d'enseignants concernés par les mesures de radiation. “La liste reste toujours ouverte”, ironise-t-il. Pour lui, “les voies légales ne sont pas respectées” par la tutelle dans sa démarche. Mais les plus grands perdants dans ce “feuilleton” qui s'éternise sont les élèves qui, “encore une fois, sont victimes de la myopie de la tutelle”, soutient-il. Même si les mesures de radiation sont levées, le Cnapest maintiendra son action de protestation. Bien plus, il ne compte renoncer à l'action revendicative que lorsque les revendications, dont l'obtention du récépissé d'agrément de son syndicat, seront satisfaites. À propos des déclarations de Sidi Saïd se vantant d'avoir arraché les augmentations salariales au profit des enseignants, Mériane assène : “Il n'a rien arraché. Il s'est déjà targué d'être derrière le relèvement du Smig à 10 000 DA, alors que l'augmentation était déjà prévue bien auparavant dans la loi de finances. En 2003, on ne peut tromper personne.” Par ailleurs, Mériane a interpellé Farouk Ksentini quant à son silence sur “la dérive” de la tutelle. Aussi, les représentants du peuple sont interpellés pour la dénoncer. A. C.