L'agriculture algérienne a fait de sa principale force l'une de ses plus grandes faiblesses. La surface agricole utile (SAU), qui était de l'ordre de 0,20 ha par habitant en 2000, ne représente plus que 0,19 ha en 2010 et 0,17 ha en 2020. Avec une superficie de 238 millions d'hectares, l'Algérie fait partie des pays les plus vastes de la planète. Sa SAU atteint à peine les 8,6 millions d'hectares. La question du foncier agricole a constitué au cours des cinquante premières années d'Indépendance le terreau idéologique autour duquel se positionnaient les groupes d'intérêts sans que l'intérêt de l'agriculture en soit pour autant l'enjeu essentiel. Plusieurs modes de gestion ont été tentés sans que ceux-là ne donnent lieu à l'émergence d'une agriculture moderne apte à satisfaire les besoins des populations. Le fait est que l'industrie agroalimentaire continue à ce jour à s'approvisionner en matières premières sur les marchés mondiaux illustres, si besoin est, toute la difficulté que rencontre l'Algérie à se construire une filière agro-industrielle intégrée. Dès l'Indépendance, les terres laissées par les colons ont été offertes à l'autogestion puis vint la nationalisation ensuite les EAI et EAC. Repris au début des années 2000, une approche rénovée du traitement de la question foncière est en cours. Des titres de concession sont en phase d'octroi et des entités morales comptables devant le fisc, les banques et le marché sont au programme. La bourse : en panne... d'actions Sans jeu de mots aucun, la Bourse d'Alger est la seule place d'un pays à développement comparable qui manque autant d'actions. Au sens propre comme au figuré. Transparence des comptes et confiance du marché : deux caractéristiques pour l'existence d'un marché des capitaux. Née dans le sillage des réformes structurelles à la deuxième moitié des années 90, la Bourse d'Alger n'a malheureusement servi ni à la levée des fonds, ni à la privatisation des entreprises publiques encore moins à inciter les entités privées à ouvrir leur capital social. Même la fameuse règle du 51/49 imposait par la LFC 2009 pour tout investissement impliquant un étranger est théoriquement éligible. Pareillement pour le droit de préemption que voudrait exercer l'Etat. Sauf que là, les conditions de la Bourse, notamment l'obligation de présenter les trois derniers bilans, doivent être assouplies. Toutes les prises de paroles des responsables de la Cosob promettant des introductions de groupes privés et d'entreprises industrielles publiques restent sans lendemain. Pourtant, une place forte avec la santé financière de l'Algérie permettrait certainement de soutenir la croissance économique, d'autant plus que l'Algérie cherche à débloquer de nouvelles sources de capitaux pour appuyer le secteur privé algérien, relativement restreint, et octroyer de nouveaux financements aux grandes entreprises publiques. Avec les conditions généreuses des banques et du FNI, il est difficile pour la Bourse d'Alger d'être concurrentielle. Maghreb économique : l'échec des politiques Tous les regroupements régionaux qui pèsent ont commencé économique avant de s'imaginer politique. Sauf un seul : le Maghreb. Trop ambitieux ou se voyant trop en retard pour respecter le calendrier biologique, le Maghreb a pris tout le monde à contre-pied. Il a fini par se fouler la cheville : il n'est pas politique, certes, encore moins économique. Les échanges commerciaux intermaghrébins ne dépassent pas en moyenne 2009/2011 (importation et exportation) 2% en valeur. D'après les rapports du FMI, seulement 0,7% des exportations algériennes sont destinées à ses deux voisins maghrébins, alors que 0,8 % de ses importations en sont originaires. Pareil, le Maroc n'importe que 1,4% depuis l'Algérie et la Tunisie et ne leur expédie que 1% de ses exportations. Il en est ainsi pour la Tunisie dont les importations, issues des voisins maghrébins, sont estimées à 1,1%, alors que les exportations qui y sont destinées sont de 1,9%. À défaut de s'unir, les pays du Maghreb ont négocié chacun en solo leurs accords avec le voisin d'en face, l'Europe, si bien qu'aujourd'hui nous en sommes à des niveaux de coopérations disproportionnés avec les autres interlocuteurs régionaux. Pourtant, les réunions des experts de l'UMA donnent lieu à des propositions très intéressantes pour une meilleure intégration. Arrivées en plénière des sommets, aussi rares soient-ils, ces recommandations s'évanouissent laissant place au souverainisme de chacun. Trois réalisations : l'espoir des emprunts obligataires... Malgré l'arrivée à échéance des emprunts émis et le non-renouvellement du stock, il n'en demeure pas moins que les années 2000 ont été caractérisées par un développement significatif du marché obligataire allant jusqu'à faire oublier le peu d'engouement pour les titres boursiers. Aussi bien privés que publics, de nombreux groupes sous l'ingénierie d'un cabinet aujourd'hui disparu pour des raisons non encore élucidées ont financé certains de leurs projets grâce à des emprunts obligataires. Centrales électriques, renouvellement de flotte d'avions, immobilier & tourisme, BTP, télécommunications, agroalimentaire... autant de motifs de recours aux emprunts obligataires pour des projets d'envergure dépassant le ratio prudentiel de banques incapables pour le coup de se syndiquer sans injonction quelconque pour mobiliser les financements nécessaires. À présent, le gisement nominal des obligations cotées est passé de 83 mds de DA en 2009 à 32,36 mds de DA. La télécompensation des chèques : une réforme saluée En voilà une réforme qui a satisfait plus d'un opérateur depuis 2006. Il s'agit de la modernisation du système de traitement des paiements avec l'introduction de la télécompensation des chèques en temps réel des gros montants. Un système regroupant l'ensemble des instruments et des procédures permettant le règlement des créances et des dettes, ainsi que les transferts de fonds entre agents économiques. Les travaux engagés par le Trésor public pour la modernisation du système de traitement de paiements ont abouti à la mise en place de deux systèmes de traitement de paiements au niveau du Trésor public l'Atci et le RTGS ; le premier concerne la mise en place du système de télécompensation interbancaire et le second est relatif au système de règlement brut et en temps réel des gros montants RTGS-ARTS (Real Time Gross Settlement-Algeria Real Time Settelment). Cela a été accompagné par l'activation d'un dispositif de prévention et de lutte contre l'émission de chèques sans provision au niveau du Trésor public à travers l'application informatique qui prend en charge les déclarations des incidents de paiement pour absence ou insuffisance de provision. Elle sert à centraliser les fichiers émanant des postes comptables et les acheminer vers la Centrale des impayés. Seulement, l'ampleur de l'informel et de la masse monétaire circulant en dehors du circuit bancaire, limite les bienfaits de ce système aux seuls opérateurs sérieux. Le boom du BTP ! Logements, routes, voies rapides, autoroutes, ferroviaires, aéroports, écoles, CEM, lycées, universités, salles de sport, cliniques, infrastructures publiques... de mémoire, la dépense publique n'a jamais été aussi généreuse qu'elle l'a été lors des deux derniers plans quinquennaux. Si sur le fond le choix est discutable, sur la forme nous avons assisté à l'émergence ou à la renaissance de groupes publiques et privés en matière de construction. Un regain d'activité qui se chiffre en milliards de dollars. Le plan quinquennal du gouvernement pour la période 2009-2014, chiffré à 286 milliards de dollars, met un accent particulier sur les infrastructures : 116 milliards d'euros seront alloués aux nouveaux projets, et 96,7 autres aux programmes existants, notamment la construction de voies ferrées, de routes, d'installations d'eau, d'établissements scolaires et de quelque 2 millions de nouveaux logements. Par conséquent, les sociétés du secteur voient leur carnet de commande se remplir sans toutefois régler le problème persistant des capacités de réalisation. Autre phénomène observé, la tension sur les matériaux de construction générant à la fois une inflation contagieuse pour d'autres secteurs et une spéculation cyclique auquel toute la bonne volonté des services de sécurité et des organismes de contrôle n'arrivent pas à mettre un terme.