Le mois de carême a toujours été pour la majorité des ménages synonyme de grosses dépenses et donc d'opulence gastronomique. C'est aussi une aubaine pour certains opportunistes de faire dans la pratique sans scrupule aux conséquences dangereuses sur la santé des consommateurs. Ces derniers, pris déjà dans l'engrenage de la hausse des prix des produits composant le repas exceptionnel dû au rang de ce mois, sont confrontés aussi au problème de la qualité de ce qu'ils consomment. Comme la conscience s'avère un vain mot chez une bonne majorité des “commerçants", l'on devine aisément le nombre de victimes qu'ils peuvent faire suite au manque d'observation des normes de conservation. Et les services de contrôle dans tout cela ? Un tour du côté de la Direction du contrôle des prix et de la répression des fraudes nous renseigne sur les efforts entrepris dans ce cadre. Mais cela reste insuffisant tant que les mentalités continuent d'évoluer dans le non-respect de la loi et donc de l'autorité de l'Etat. Le DCP de la wilaya d'Alger, Youcef Lamari, nous décortique le programme d'intervention durant le Ramadhan. “Il est constitué d'une intense activité qui draine malheureusement des phénomènes contraires à la réglementation notamment en matière de pratiques commerciales telles que la création d'activité commerciale sans autorisation, rétention de stock à but lucratif de certains produits stratégiques (exemple de la pomme de terre au niveau des chambres froides), commercialisation des produits non conformes ou douteux et la flambée des prix sur les produits de forte demande", fait remarquer le responsable. Et d'énumérer les secteurs d'activité à contrôler, à savoir les viandes rouges et blanches, l'alimentation générale, les produits laitiers et dérivés, les boulangeries pâtisseries, les fruits secs, les fruits et légumes, les chambres froides, habillement et chaussures. Une kyrielle de secteurs qui nécessite une armada de contrôleurs. “320 agents assermentés seront sur le terrain de jour comme de nuit auxquels il faut ajouter une centaine d'autres agents qui n'ont pas encore prêté serment", dira le DCP, notant que le nombre de contrôleurs augmente d'année en année et sera de 450 environ l'année prochaine. Il y a lieu de distinguer trois sortes de brigades : la brigade de contrôle des pratiques commerciales devant veiller au respect des transactions commerciales (facturation, affichage des prix, contrôle des marchandises aux prix et aux marges réglementés), les brigades de nuit chargées essentiellement du contrôle des activités de service telles que les débits de boissons, salons de thé pendant les soirées du Ramadhan. À partir de la deuxième quinzaine de ce mois, ces brigades effectueront des contrôles sur les commerces de détail de l'habillement, chaussures et jouets pour enfants. Enfin une brigade mixte DCPW, DSA (services agricoles)-BCH (bureau communal d'hygiène) dont la mission principale est de contrôler les abattoirs et tueries, les abattoirs avicoles, les producteurs des produits laitiers et les producteurs des produits carnés. Les brigades travailleront 24/24 et 7/7. Les agents assermentés ont pouvoir d'établir des PV qui seront adressés au parquet. Le spectre de la viande d'âne Les Algérois ont toujours en mémoire le scandale de la viande d'âne qui a fait éclabousser la commune de Sidi-M'hamed il y a quelques années. Et si depuis ce temps, les services compétents veillent sur la question, peut-on manger tranquillement la viande proposée sur les étals de nos marchés ? Le ver est dans le fruit, a-t-on envie de répondre. Pour le DCP, les brigades effectuent des contrôles fréquents instaurant de ce fait un moyen de dissuasion. Les dispositions de la loi à cet effet sont sans équivoques. “Les bouchers sont tenus de proposer à la vente des produits frais dans des présentoirs respectant la température de conservation. Le contrôleur prend la température du présentoir et saisit, en cas de doute, la viande suspectée. Il est vrai que ce ne sont pas tous les bouchers qui sont malhonnêtes. Ceux qui s'adonnent à des pratiques interdites comme l'utilisation du formol pour faire durer la conservation et donner de la fraîcheur à la viande sont généralement connus des services de contrôle. Il y a eu des sanctions allant de la fermeture du commerce aux poursuites judiciaires. D'autres interdits sont tombés comme l'utilisation de la lumière rose dans les présentoirs". Volaille : exigez l'étiquetage Si les viandes rouges peuvent être responsables de beaucoup de maladies lorsque les conditions d'hygiène et de conservation ne sont pas respectées, les viandes blanches n'en sont pas épargnées. Parfois les conséquences sont pires. Et pour cause. Aujourd'hui, c'est un secret de Polichinelle de dire que la majorité des tueries avicoles sont clandestines, alors que la réglementation exige le certificat du vétérinaire et du coup la traçabilité de l'animal. Une viande blanche qui vire rapidement d'ailleurs, est susceptible de faire un ravage chez les consommateurs. Le DCP avertit : “Nous luttons pour l'éradication de ces tueries clandestines. Le consommateur est en droit d'exiger du commerçant un étiquetage indiquant les lieux où l'animal a été élevé et tué. De plus, nous constatons que les moyens de transport et de conservation du produit ne sont pas normalisés. Ceci nous a amenés il y a quelque temps à faire, en coordination avec la gendarmerie, des interventions où de grosses quantités ont été saisies. Le Ramadhan coïncide cette année encore et pendant quelques années à venir avec les grosses chaleurs. Aussi, il n'est pas inutile de recommander aux consommateurs de cette viande d'avoir ce réflexe salvateur." À rappeler dans ce cadre que la DCP lancera tout prochainement une campagne de sensibilisation au profit du consommateur sur son comportement relatif à ses approvisionnements durant le mois sacré et aux risques éventuels auxquels il risque de s'exposer comme l'achat de viande hachée préparée à l'avance, des produits anonymes ne comportant ni mention ni étiquetage ou encore exposés à la vente dans des conditions défavorables. A F