Compte tenu des effets de la crise économique mondiale qui a touché les Etats-Unis et l'Europe et la chute des prix du pétrole, le président du Conseil national économique et social (Cnes), Mohamed-Seghir Babès, plaide pour la prudence. Il appelle les dirigeants à plus de retenue et à une attitude prudentielle dans la conduite des politiques économique et sociale du pays. Il attire l'attention des décideurs pour leur dire : “Ce n'est pas encore la catastrophe, mais soyons prudents." Il ne faut surtout pas claironner çà et là, l'aisance financière issue des hydrocarbures dont jouit l'Algérie, avertit M. Babès, pour dire que notre pays est à l'abri de ce bouleversement socio-économique international. “Bien au contraire, reconnaît-il, nous sommes encore davantage fragiles par rapport à d'autres pays qui, eux, disposent de moyens alternatifs pour soutenir leur croissance économique. Car, celle-ci n'est pas monorentière." Or, l'économie nationale demeure toujours monorentière. Le cœur substantiel de l'économie algérienne est adossé pour l'essentiel aux capacités que dégage l'exploitation de la monoressource qu'est le pétrole et le gaz afin d'alimenter les budgets d'équipement et de fonctionnement, réaliser les transferts sociaux et répondre aux besoins des populations. Les potentialités énergétiques de l'Algérie sont devenues, semble dire le président du Cnes, à la fois une bénédiction et une malédiction. “Il est certes profitable de détenir une telle ressource mais encore faut-il organiser son exploitation et redéfinir l'économie nationale autour de ces gisements de pétrole et de gaz pour monter en cadence sur les autres créneaux qui portent l'économie réelle", relève M. Babès au forum de Liberté. L'invité du quotidien évoque, également, l'état de l'économie mondiale dont les indicateurs inquiétants ne trompent pas. Il cite la crise des subprimes et financière qui s'est agrégée à des crises économique, énergétique et de sécurité alimentaire. Pétrole : une bénédiction et malédiction ! Ce qui a rendu le contexte économique mondial et mondialisé extrêmement fragile, ce sont ces fragilités délétères, explique-il, qui ont ciblé le cœur palpitant du système économique international composé des USA, de l'Europe et du Japon. Les pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, ou ce qui est appelé communément Bric, ont subi, eux aussi, de plein fouet les effets de la crise. Face à cette épineuse problématique, le président de cette institution consultative énumère quelques solutions qu'il juge appropriées pour le pays. De prime abord, il faut, selon lui, faire de l'économie algérienne une économie fondée sur la connaissance et le savoir. Une réflexion a été d'ores et déjà lancée dans ce sens au sein du Cnes. Les résultats et les éléments préliminaires ont été transmis à qui de droit. Ils attendent d'être appropriés par ceux qui sont chargés d'acter les politiques publiques et de les mettre en œuvre. L'autre suggestion annoncée par Mohamed-Seghir Babès a trait à cette impérative sortie de la monorente. Cela passe, indique-t-il, par une diversification de l'économie en prenant appui sur le tissu des PME/PMI. “Nulle part au monde, il y a capacité de rencontrer des conditions d'une croissance économique soutenue, élargie, créatrice de richesses et d'emplois en dehors du tissu des PME/PMI", argue-t-il, avant d'ajouter que “92% des emplois créés à travers le monde sont l'œuvre des PME/PMI". C'est dire le poids et le rôle important de ces entreprises dans la croissance d'un pays. Si un soutien est apporté à ce secteur (PME/PMI), l'Algérie peut gagner, si l'on croit les analyses du Cnes, 2 à 2,5 points de croissance. Un dossier est à ce propos ouvert au Cnes et un certain nombre d'orientations a été identifié. B K