Les infractions de change en Algérie ont atteint des proportions alarmantes avec des pénalités de plus de 64 milliards de dinars infligées à fin 2011 par les services lors des opérations de contrôle a posteriori. L'information est révélée, hier, à l'agence officielle APS par Regue Benamar, directeur du contrôle a posteriori à la Direction générale des douanes. Des 85 milliards de dinars de pénalités encourues par les fraudeurs pour les années 2010 et 2011, 64,3 mds de dinars concernent des infractions de change, essentiellement des majorations de valeur, a-t-il indiqué. Ces infractions représentent 75% des fraudes douanières constatées dans le commerce extérieur sur la même période, selon lui. Le gonflement des factures des importations pour transférer illicitement de l'argent vers l'étranger s'est poursuivi en 2011, en dépit d'une déflation enregistrée sur plusieurs produits importés, a-t-il constaté. Selon ce haut responsable de la douane, cette saignée de devises est due au blanchiment d'argent et aux sommes faramineuses qui circulent sur le marché informel, hors circuit bancaire. “Il y a ceux qui font dans le blanchiment d'argent sale qui est exploité dans le commerce extérieur, c'est un jeu qui est devenu diabolique", s'est-il inquiété. Tirant le bouchon plus loin, M. Regue a assuré que les fraudeurs gonflent exagérément leurs factures à l'importation pour pouvoir transférer un maximum de devises vers l'étranger. “Lorsque vous découvrez qu'un équipement a été multiplié par dix, qu'allez-vous faire ? Le meilleur produit ne peut pas coûter dix fois plus que son prix moyen", a-t-il lâché. Pour juguler ce trafic, la direction des douanes a engagé un contrôle permanent ciblant les grands importateurs et les opérateurs économiques qui ont un volume d'importation conséquent, a-t-il fait savoir. “Depuis un certain temps, nous opérons des contrôles beaucoup plus pointus, nous focalisons notre action particulièrement sur les infractions de change car nous avons constaté que les déperditions sont importantes", a confié M. Regue, avant d'ajouter : “Nous nous sommes fixé un objectif majeur qui est de préserver les réserves de changes de l'Algérie." Se voulant optimiste, il a assuré que ce pari pourrait être gagné pour peu que l'ensemble des institutions de l'Etat chargées de cette lutte agissent en synergie. Pour ce qui est des autres types d'infractions enregistrées durant les deux dernières années, elles représentent 25% des infractions globales et renseignent sur la diversité des courants de fraudes constatés actuellement au niveau du commerce extérieur.