Alors qu'il est considéré comme le mois du sacrifice et du travail, le Ramadhan est en réalité un mois de congé “officieux" pour la plupart des employés. Pour de nombreuses entreprises et administrations, le mois sacré est ainsi détourné de son vrai objectif pour se transformer en un mois de laisser-aller où l'absentéisme atteint un pic intolérable. Le rendement des travailleurs est quasi nul pour de nombreuses entreprises et administrations dont certaines connaissent une paralysie totale alors que d'autres fonctionnent au strict minimum. Certains employés font tout et n'importe quoi pour raccourcir les interminables journées de travail. De la visite des marchés au jeu des mots croisés en passant par les palabres incessantes au téléphone portable, tout passe pourvu que la journée soit la moins fatigante et la plus abrégée possible. Ainsi, le Ramadhan censé encourager le travail et le rendement comme le stipule le Coran est paradoxalement transformé en un mois de fainéantise et d'oisiveté. Tous les secteurs d'activité sont touchés : bâtiment, industrie, administration, aucun n'est épargné, excepté les commerces pour alimentation où la surconsommation effrénée des Algériens booste plutôt ce type de commerces et le hisse en tête des activités les plus rentables. Le traitement des dossiers des citoyens par certaines administrations est reporté après le mois de Ramadhan. “Ki necherbou el-Maa" (Quand on boira de l'eau). C'est l'expression qui revient à chaque fois quand on demande des nouvelles de tel ou tel dossier. En plus des retards, les conflits et les bagarres dans le milieu du travail sont presque quotidiens. La principale cause, la mauvaise humeur, le manque de sommeil, de tabac, la soif... Un climat social qui n'arrange nullement les affaires des chefs d'entreprise ou responsables des administrations. Autre phénomène récurrent pendant le mois de carême, l'abus de congés de maladie. À en croire un chef de service de la Cnas de Boumerdès, “les congés de maladie sont plus nombreux en ce mois de Ramadhan", dira-t-il. Les conflits individuels de travail sont eux aussi en augmentation notamment chez les entreprises publiques, affirme un inspecteur de travail à Boumerdès. “Ces conflits qui finissent parfois devant les tribunaux sont aussi nombreux dans le secteur privé que dans le secteur étatique", dira notre interlocuteur. C'est pourquoi certains patrons d'entreprise accordent d'office le congé annuel pour tous les travailleurs durant le mois de Ramadhan. Ce genre de décision est pris, selon de nombreux responsables, pour faire face à la baisse de productivité observée durant le mois sacré mais c'est aussi l'occasion de procéder au nettoyage général des machines et des ateliers. Pour de nombreux travailleurs interrogés au sujet de l'activité économique dans l'entreprise, la plupart disent que celle-ci diminue de presque 30%. “En vérité, le mois de Ramadhan c'est aussi un mois de congé pour certains", dira le responsable d'une entreprise basée à Rouiba. M. T.