L'Algérie donne cette nette image d'un pays toujours en vacances, ancré sur une île déserte où rien ne peut venir perturber son train-train quotidien alimenté par la rumeur et illustré par un immobilisme “hurlant". Plus de trois mois après l'examen des législatives qui avaient pour finalité de toiser et de peser les partis en lice pour mieux les situer dans une cartographie que d'aucuns tracent à leur démesure et à l'aune de leur ambition, la situation est encore celle d'avant. D'avant les émeutes de janvier, d'avant le discours à la nation, un certain mois d'avril, même après le discours et les promesses de changements profonds qui auront à refonder la société et la gouvernance. Il semble que le prestidigitateur a perdu la suite de son numéro de magie et que la société se retrouve soudain figée dans une posture peu attrayante et encore moins avenante. Celle d'un attentisme qui ne dit pas son nom d'autant que certaines voix s'élèvent pour dénoncer cet état de fait qui n'honore pas le pays dans un monde en perpétuel mouvement. Même timidement, certaines formations, comme le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune et le Mpa d'Amara Benyounès, osent porter la critique à l'endroit de celui qui a le droit de nomination à chaque poste et donc celui d'opérer des changements. Cette prise d'otages dont font objet les hommes politiques peut encore perdurer aussi longtemps que l'honneur perdu ne sera pas retrouvé et que l'alternance au pouvoir se conquiert et s'arrache mais ne se mendie jamais. Combien de députés ayant acheté leur siège pourront encore offrir ce qu'ils ont de plus cher pour un strapontin de ministricule ? Ils sont nombreux, malheureusement, et demain, ils pourraient décider à notre place alors qu'ils sont incapables de décider pour eux-mêmes. Dans un monde qui bouge, en crise, en récession, nos gouvernants sont persuadés qu'ils sont hors d'atteinte, forts d'un bas de laine de grand-mère. Ils se trompent seulement : ils sont hors champ pour toute action en direction des citoyens comme ces derniers le leur rendent bien. La preuve, ils arrivent à vivre en se passant d'eux. Eux, ce pronom personnel. Très personnel cercle fermé. A.O. [email protected]