Chemseddine fait partie des nouveaux prénoms masculins, introduits en Algérie dans les années 1970. C'est un composé arabe, de chams ‘'soleil'' et de ddîn ‘'foi, religion'', autrement dit ‘'soleil de la foi, de la religion''. Un autre composé avec chams est chems el-Islam, ‘'soleil de la religion musulmane''. Un des Chemseddine célèbres est le géographe musulman Ibn Battuta, dont le vrai nom est Chems al dîn Abu ‘Abd Allah Muhammad ibn Yusuf, qui appartient à la tribu berbère des Lawâta. Il est né en 1304 à Tanger, au Maroc, et il est mort après 1368. Attiré par les voyages et le désir de découvrir de nouveaux horizons, il prend la route, le jeudi 2 radjab 725 (14 juin 1325), ainsi qu'il le note dans son journal. Il voulait accomplir le pèlerinage, puis visiter l'Orient. à Alexandrie, où il arrive le 5 avril 1326, un illuminé lui annonce sa vocation : la siyah'a et le jawlân, le voyage et la course à travers le monde. Désormais, il ne va plus cesser de voyager : l'Iraq, Ispahan, La Mecque de nouveau où il va résider trois années entières. Puis, ce sera le Yémen, l'Afrique, avec des séjours à Mogadiscio, Mombassa et Quilos avant de retourner, par l'Iran et le Najd, au Hedjaz où il accomplit un second pèlerinage (1332). Le troisième voyage le conduit en égypte, puis en Syrie et en Palestine. Il passe quinze mois à visiter l'Anatolie turque, arrive en Crimée, pousse jusqu'à la Volga. Il se rend à Constantinople, Boukhara, Samarcande, Ghazna et Kaboul et atteint l'Inde où il va vivre près de dix ans. Protégé par le sultan de Delhi, il fait fortune. Il exerce les fonctions de cadi, puis il est envoyé comme ambassadeur en Chine. Il va faire encore quatre périples, s'attardant aux Maldives, il visite Ceylan, puis le Bengal, l'Assam, Sumatra et la Malaisie et se retrouve en Chine, puis de nouveau en Inde, en Arabie, en Palestine, il passe en Afrique, traverse l'Algérie du nord et le Maroc pour arriver à Fès. Son dernier voyage, il le réserve au Sahara. De retour au Maroc, il s'installe à Fès où il va dicter ses mèmoires à son secrétaire Ibn Juzzay. L'ouvrage où il raconte ses voyages, la Rih'la, est un document saisissant sur les peuples et les cultures de son époque. Il témoigne aussi de la forte personnalité d'un homme qui défendit, certes, ses convictions religieuses de musulman sunnite, mais qui était plein de tolérance pour les autres croyances. La Rih'la d'Ibn Battuta, qui décrit tous les aspects de la vie des peuples, du milieu physique au système politique, en passant par la flore, la faune, l'habitat et la cuisine, annonce les grands ouvrages de l'ethnologie moderne. M.A. H ([email protected])