“Yela yiwen oulachith yela, yela yiwen yela netsa Oulachith", (il y a un homme qui est toujours présent en dépit de son absence, il y a un autre présent mais demeure absent). Cette fameuse citation émane du célèbre écrivain, auteur de La Colline oubliée, Mouloud Mammeri, un natif de Beni Yenni, une localité d'où sont originaires d'innombrables hommes intègres et valeureux qui ont mis leur intelligence et leur loyauté au service de l'Algérie. De cette trempe, fait partie Abdelkader Khalef, le mythique président de la JSK, un avis partagé à l'unanimité par les dignitaires de la Kabylie. Cette région pour laquelle il a sacrifié les quatre décennies qui ont ornementé sa vie. Il n'est point un hasard si le premier magistrat du pays décide de baptiser le nouveau stade de football de Tizi Ouzou du nom de ce vaillant et magnanime homme. Si Abdelaziz Bouteflika et les notables connaissent parfaitement cette personne pour l'avoir côtoyé pour l'un et rencontré pour les autres, la nouvelle génération doit savoir toutefois et en toute légitimité les diverses composantes de cette auguste personnalité. Ce n'est que justice rétablie que de parler de Abdelkader Khalef en ce 2 août, jour de son anniversaire (il aurait eu 74 ans ; ndlr). Juste après sa démobilisation de l'armée à l'Indépendance, il se lance dans le secteur du tourisme. Il a gravi tous les échelons de promotion en promotion jusqu'à occuper le poste de directeur général de l'Office national du tourisme (Onat). En parfait meneur d'hommes ayant le sens de l'organisation, Abdelkader Khalef, a fait un travail titanesque au sein de ce secteur. Les diverses infrastructures hôtelières édifiées durant les années 1970 étaient sa richissime œuvre. Les quatre régions du pays ont, grâce à lui, été dotées de leur propre hôtel avec en sus, une architecture qui respecte les spécificités de chaque localité. Le secteur du tourisme étant rattaché au ministère de la Jeunesse et Sports, il s'intéressa de près au monde du football en particulier. Sa fierté pour ses origines kabyles, son affection indéfectible pour la Kabylie et son instinct sont autant de sentiments qui l'ont convaincu à présider aux destinées du club phare de la région en l'occurrence la Jeunesse Sportive de Kabylie. Il est venu au moment opportun où le club voire toute la région avait besoin de lui. Il a su donner à la JSK la dimension qu'elle méritait... “Da Abdelkader", comme l'auraient appelé les jeunes supporters d'aujourd'hui, a transposé sa réussite dans la gestion de l'Onat vers la JSK. Il est venu et a réussi avec brio à restructurer le club. Il y a mis de la rigueur, du sérieux, de la discipline dont avait tant besoin le club. Mais ce qui a fait également de la JSK un club de renommée nationale et internationale, redouté par toutes les équipes de l'époque est le sens du professionnalisme qui régnait en maître dans tous ses compartiments. Il a mis tous les moyens nécessaires pour construire le club sur des bases solides avec des valeurs chères à la région. Il a su donner à la JSK la dimension qu'elle méritait... Les résultats suivirent aussitôt. Et le meilleur, le plus symbolique de l'époque n'est autre que la Coupe d'Algérie arrachée avec panache en 1977 dans un stade du 5- Juillet en effervescence. C'est cette finale d'ailleurs qui a permis aux Kabyles de scander : “Imazighen" devant un président Boumediene un peu déconcerté. Abdelkader Khalef fut président de la JSK pendant une dizaine d'années, en remportant 3 championnats (de 1970 à 1974) et une Coupe d'Algérie (1976-77). À travers ces résultats obtenus par la JSK, Abdelkader Khalef voulait montrer aux gens au regard dédaigneux que la région sait s'organiser et se prendre en charge. La Kabylie avait, en effet, besoin d'un ambassadeur digne de ce nom pour faire valoir ses potentialités multiples. Et Khalef Abdelkader avait déjà décelé tout cela au sein de la JSK. Il savait que ce club pourra être le porte-drapeau de la Kabylie... Le chemin était long mais le sacrifice n'a pas de prix quand les résultats arrivent en bout de chaîne, se disait certainement Abdelkader Khalef. Je n'ai laissé la présidence de la JSK que lorsque j'étais convaincu qu'elle était entre de bonnes mains. Le regretté Abdelkader Khalef sera le véritable bâtisseur de la JSK actuelle. “Moi, je n'ai fait que mon devoir", ne cessait-il de répéter à Hadj Mansour Abtouche, ancien gardien de but, entraîneur et président de la JSK décédé en 2009 à l'âge de 91 ans. Quand la famille d'Abdelkader Khalef entend ce type de témoignage, elle ne peut que s'en réjouir et se dire que ses sacrifices n'ont pas été vains... Elle qui a un peu été privée de son amour et de son affection et qui a subi sa tragique disparition à l'âge de 42 ans.