Ali Merabet a succombé à la maladie après de longues années de souffrances dans la dignité. Les entraves qu'il a subies pour une prise en charge à l'étranger n'honorent pas les autorités du pays. Militant infatigable pour la liberté, la vérité et la justice, il est certes parti sans que son combat aboutisse, mais tout en ayant l'intime conviction que les citoyens et les militants qui l'ont accompagné pendant toutes ses dures années de lutte ne baisseront pas les bras. Il a bravé la peur contre le silence et la résiliation. La solidarité internationale dont il a été l'objet pour soulager ses souffrances atteste de la justesse et la popularité de son combat. Ayant perdu deux frères enlevés par un groupe terroriste islamiste identifié, Ali a été l'un des premiers à comprendre que le combat pour la vérité et la justice des familles des disparus enlevés par les groupes terroristes et celui des familles des disparus enlevés par les corps constitués de l'Etat est le même : la fin de l'impunité et l'instauration d'un Etat de droit. Signataire du premier document public qui fondait la lutte commune des victimes du terrorisme et des exactions du pouvoir (Le manifeste des victimes rendu public le 29/05/2005), il n'a eu de cesse de dénoncer le déni de justice codifié par la charte dite pour la paix et la réconciliation nationale. Repose en paix Ali, le noble combat pour la vérité et la justice et l'Etat de droit est un combat d'avenir. L. I. (*) Présidente de l'Association Nationale des Familles de Disparus (ANFD)