RESUME : Métamorphosée, Sara revint au bureau dans l'après-midi. Sa collègue Fella eut du mal à la reconnaître. La jeune femme n'est pas seulement heureuse, mais épanouie. Sa visite chez le dentiste semble avoir eu un impact positif sur son psychique. Déjà, elle parle de repasser chez lui pour traiter ses caries. Sara porte la main à sa joue encore une fois : -Je n'arrive pas encore à le croire... Je n'ai absolument rien senti... Ce dentiste a des mains d'or... Et ... Elle secoue sa tête : - Je me sens si légère, si sereine depuis que j'ai quitté son cabinet. - Bien ma chère... Maintenant, revenons à notre boulot... J'ai pris quelques notes qui peuvent t'intéresser... Nous avons programmé une autre réunion pour demain dans la matinée. - Heu... Oui... C'est bien... C'est gentil à toi d'avoir noté ces quelques lignes sur mon agenda... Je vais les étudier ultérieurement... Mais pour la réunion de demain matin, je ne sais pas si je pourrais y assister. - Pourquoi donc... ? Tu n'es plus malade à ce que je constate. - Non... Je me sens même en pleine forme... Mais je prévois de retourner chez le dentiste. Fella regarde son amie curieusement : - Il y a à peine deux jours, tu avais la phobie des dentistes et des blouses blanches, et te voilà à peine revenue d'un cabinet dentaire, que tu veux déjà y retourner... J'avoue que je ne comprends plus rien... - Il n'y a rien à comprendre Fella... Je vais juste traiter mes caries... - Ah ! Madame se découvre des caries maintenant et ne craint plus ni la fraise ni la blouse blanche. - Non. Je veux dire que le Dr Yacine m'a conseillé de traiter mes dents, pour éviter justement la douleur et les extractions... Il m'a conseillé de revenir le plus tôt possible. Fella pousse un soupir : -Tu n'as pas travaillé depuis deux jours... Je me suis tapée tout le boulot et te voilà encore prête à t'absenter pour je ne sais combien de temps... Ce dentiste ne pourra pas attendre la semaine prochaine... ? Sara sourit : -Ce n'est pas au dentiste de me dicter ma conduite... Disons que je veux en terminer avec mes soins dentaires... Mais si tu y vois un inconvénient, je pourrai programmer la séance pour un autre jour. Fella hausse les épaules : -Fais ce que tu veux Sara... Je te rappelle seulement tes obligations professionnelles. Sara s'approche de son amie : -Fella, c'est toi qui m'a entraîné chez ce dentiste... Tu es la première coupable dans l'affaire... Je vais devoir y retourner autant de fois qu'il sera nécessaire... Elle fait une moue et poursuit : -Ma foi, si tu ne veux pas que j'aille, tu n'as qu'à le dire sans passer par les détours et les raccourcis. Fella demeure bouche bée un moment avant d'afficher une expression d'étonnement. Elle allait répondre, lorsque Sara éclate de rire et la tire par le bras avant de lancer : -Je t'ai eue... Hein ? Je t'ai eue Fella... Elle l'embrasse sur la joue et poursuit : -Grâce à toi ma chère amie je ne souffre plus... Et tu trouves qu'il est inconvenant de retourner chez le dentiste... ? Non... Ne dis rien... Je comprends ta réaction... Boulot... Boulot... Te rends-tu compte que nous ne faisons que ça ? Que trimer à longueur de journée durant des années, sans prendre le temps d'aller ni au cinéma ni au théâtre, ou même de se promener... Nous sommes devenues par la force des choses les esclaves de nous-mêmes... Elle soupire, et Fella demande : -Que veux-tu donc faire d'autre ? -Rien de spécial... Je voulais juste me rendre chez un dentiste, et le toit m'est tombé sur la tête... Tu sais pourquoi... ? Tout simplement, parce que durant tout mon parcours professionnel, j'ai été très stricte sur la discipline... Pas d'absence, pas de retard, pas de laisser-aller dans le travail... Et à quoi tout ça m'a-t-il menée... ? - A avoir une belle carrière pardi... - Ah ! Oui j'ai oublié... Une belle carrière... Un poste de travail qui me permet tout juste d'être à l'abri du besoin... Tu appelles ça une belle carrière, alors que je ne fais que m'installer devant mon bureau depuis plus de dix ans. Mon travail est devenu si routinier que je ne sais rien faire d'autre. Sara pousse un long soupir : - Pour une fois laisse-moi manquer un peu à la discipline et au règlement... Tant pis pour les conséquences... Cela me changera de mes journées régulières et stressantes, et me permettra de comprendre pourquoi nos collègues s'obstinent tant à arriver en retard et s'absenter sans restriction... (À suivre) Y. H.