RESUME : Fella raconte à son frère les malheurs de sa collègue Hadjer. Son mariage n'était pas un choix personnel mais plutôt un arrangement familial. Même ledit mari a fini par passer sous le joug… Kamel hoche la tête. - Il a peut-être dit ça pour se disculper. - Ou c'est peut-être la réalité Kamel. Après tout, Hadjer n'est pas moche. - Et comment ! Elle est même trop belle ! dit Kamel dans un murmure. Fella le pousse du coude. Hé ! frérot. On dirait que tu es réellement épris. Le jeune homme se passe la main dans les cheveux : - Je ne sais pas Fella. Mais ce que je peux te certifier, c'est que quelque chose en moi a vibré dès que je l'ai aperçue. Et puis, dis-moi, comment se fait-il que je ne l'ai jamais remarquée auparavant ? Ce n'est pas la première fois que je viens te chercher au bureau. - Tout simplement parce qu'elle travaillait dans un autre service. Cela ne fait pas deux mois depuis que nous nous partageons le bureau. - Ah, voilà qui est plus clair ! - Hum… Mais toi, qui cours les femmes du matin au soir, tu ne dois pas remarquer les petites fonctionnaires comme nous, tu es toujours pressé pour rejoindre le nouveau rendez-vous galant. Kamel sourit. C'est vrai que j'ai vécu comme un fou ces derniers temps. Je vais t'avouer quelque chose. Il se tut, et Fella se sentit sur des charbons ardents. - Je t'écoute. Que veux-tu m'avouer ? Il pousse un long soupir avant de dire : - Tu trouves normal que je me mette à courir les filles du matin au soir ? Fella rit. - Où veux-tu en venir Kamel ? - Eh bien, je veux que tu saches que je ne le fais pas par plaisir. - Hum… Va raconter ça à d'autres. - Je te jure que je suis sincère en te disant ça. Les filles pour moi ne représentent rien que des aventures. Des aventures de passage. Question de bomber le torse devant les copains. - Merci frérot. C'est gentil de dire ça à ta petite sœurette. Ceci prouve, par ailleurs, l'opinion que tu as de la gent féminine. - Oh, arrête ! Si j'ai une opinion sur la gent féminine à donner, elle sera bien meilleure. Je t'assure que, quelque part, j'admire toutes ces femmes qui se sacrifient pour le bonheur des autres. - Hum… Tu veux dire que tu admires même ces filles qui sortent avec toi, parce qu'après tout, c'est aussi un sacrifice puisqu'elles te rendent heureux pour un moment. - Cesse donc de me taquiner. Je parle sérieusement Fella. - Mais Je n'en doute pas, Kamel. Tu dois aussi admirer le sacrifice de Hadjer. Kamel relève la tête et lui lance un regard amer. - Non ! Ce sacrifice-là je ne l'admire pas. - Mais pourquoi donc ? - Eh bien, parce qu'elle ne mérite pas tout ce qu'il lui arrive. Elle n'a pas encore consenti à épouser cet homme. D'après ce que tu m'as raconté, elle ne cesse de le rejeter. - Oui. Mais que pourrait-elle faire ? - Oh ! il y a toujours une solution. Pourquoi s'entête-t-elle à rester chez ses parents ? Moi, à sa place, je n'aurais pas attendu longtemps pour déguerpir. - Oui. Mais toi, tu n'es pas une femme. - Et alors, où est le mal ? - La mal est que dans notre société, mon cher frère, la femme n'a pas toujours les coudées franches. - Oui. Mais parle plutôt pour ces femmes illettrées. Limitées dans leur savoir… - Non. Là tu te trompes ! Les femmes sont toutes dans la même situation dans notre société. Elles sont faciles à montrer du doigt dès qu'elles commettent un acte qui n'est pas admis dans le vocabulaire social. - Je comprends, mais je sais aussi qu'il y a des femmes qui se révoltent. - Et tu veux que Hadjer se révolte ? - Oui, pourquoi pas ? Elle a tous les droits de refuser ce mariage. Yasmina Hanane (À suivre)