Résumé : Son père est venu l'attendre à la gare. Elle est heureuse de retrouver sa famille. Ses sœurs étaient venues et passaient la nuit à la maison. Quand elle leur confie son intention de se marier avec Smaïl, ses sœurs lui rappellent que leur père a déjà choisi pour elle. Aïda est assommée par la nouvelle. Elle regrette d'être rentrée... On n'aurait pas dû, dit Maria tout en couvrant sa sœur d'une couverture quand elle la voit frissonner. Elle est encore trop jeune pour comprendre ! Elle passait près de la chambre quand elle l'a entendue parler dans son sommeil. Elle a conscience que sa sœur ne renoncera pas à lui. Elle regrette de lui avoir parlé du prétendant. Elle a réussi à troubler son cœur. Encore une fois, elle pense qu'elle n'aurait pas dû. Elle rejoint sa sœur qui surveillait leurs enfants endormis. Je compte sur toi, pour les surveiller. Je descends à la cuisine voir ce que fait maman ! lui murmure-t-elle avant d'éteindre et de tirer la porte derrière elle. Elle trouve la mère en train de préparer un gâteau pour le petit déjeuner. Si Aïda avait toujours les mêmes goûts, elle allait l'apprécier. Maria se met à rincer la vaisselle qui remplissait l'évier. Maman, tu penses que Boualem va revenir ? J'ignore quand, répond-elle. Cependant, je sais qu'il est en contact avec ton père... Dis-moi, en as-tu parlé à ta sœur ? Je croyais bien faire en lui apprenant la nouvelle, lui confie Maria. Elle est toujours aussi amoureuse du Kabyle... Elle est jeune, dit la mère. Ça lui passera... Elle n'est pas maître de son destin ! Son père a déjà tracé son avenir, tout décidé... Dès qu'elle sera fiancée à lui, elle oubliera le Kabyle ! toi et Ferrouz êtes heureuses dans vos mariages ! Votre père a su être clairvoyant et j'espère que votre petite sœur sera aussi heureuse que vous l'êtes ! J'espère qu'elle ne fera pas la dure sinon elle s'en mordra les doigts ! Tu connais ton père, il n'a qu'une parole... Le matin, lorsqu'Aïda se réveille, il est plus de midi. La maison lui paraît bien silencieuse quand elle quitte sa chambre. Encore fatiguée, elle descend lentement l'escalier. Une fois arrivée en bas, elle entend une conversation entre son père et sa mère. Ils sont dans le salon, ils ne peuvent pas la voir. Aïda pense à rebrousser chemin car elle n'aime pas écouter aux portes mais en entendant son prénom prononcé plusieurs fois, elle reste et tente de saisir ce qui se dit. Au bout d'un moment, elle comprend qu'il est question de son retour et de son mariage. Apparemment, les dés étaient déjà pipés. Vas-y doucement avec elle, recommandait sa mère. Elle est jeune et on ignore tout de ses projets ! Elle en aurait eu que tu l'aurais su, dit Ali. Mais qu'est-ce qui te fait penser à ça ? Elle t'aurait parlé de quelque chose, en particulier ? Non, nous n'avons pas eu l'occasion de discuter, répond Karima. Elle était tellement fatiguée hier soir qu'elle s'est couchée sans avoir dîné ! Enfin... Tout ceci pour te dire que sa génération est différente de celle de ses aînées ! Nos grandes filles étaient faciles à manier. Aïda est différente d'elles... Si tu fais allusion au mariage, je peux te dire que ça se passera comme je l'ai décidé ! Boualem est un très bon parti, il fera son bonheur ! Il est issu d'une famille riche et instruite ! Il saura la respecter et l'aimer pour tout ce qu'elle représente ! J'en suis convaincu, elle n'aura pas de meilleur prétendant de toute sa vie... Tu m'excusera mais j'ai donné rendez-vous à un ami, dit-il à sa femme. Nous reprendrons cette discussion plus tard ! Aïda a juste le temps d'entrer dans la salle de bain pour que son père ne la surprenne pas en train d'écouter leur conversation. Elle reste un moment à réfléchir à ce qu'elle venait d'entendre. Son cœur bat sourdement dans sa poitrine, proie à la douleur de sa séparation avec Smaïl et à la déception de n'être rien qu'une fille à marier aux yeux de son père. Bon ou mauvais parti, elle détestait déjà Boualem. Elle fait sa toilette en prenant tout son temps. Elle a conscience d'être arrivée au bon moment. Cinq minutes plus tard et elle n'aurait rien su de ce qui se tramait entre ses parents. Elle connaissait maintenant leur intention et elle regrettait d'avoir à se battre dès le lendemain de son retour d'Alger. Comment allait-elle faire pour tenir le coup ? Durant combien de temps ? Et rien qu'à penser qu'il n'y a aucun moyen de contacter Smaïl, elle enrage. (À suivre) A. K.