Pour le Syndicat national des chercheurs, le statut de 2008 a fait avancer la profession mais n'a pas réglé tous les problèmes. Promulgué en mai 2008, le décret exécutif portant statut particulier du chercheur permanent a constitué un levier efficace pour la réhabilitation sociale de la profession. Les chercheurs algériens, qui étaient considérés comme les derniers de la classe au plan des revenus en comparaison avec leurs homologues marocains, tunisiens et même mauritaniens, ont bénéficié grâce à ce texte d'une revalorisation salariale conséquente. Revalorisation salariale “On peut dire qu'on a bénéficié d'un rattrapage par rapport aux situations de nos voisins ou à celles d'autres pays qui étaient au même stade de développement que nous", commente le secrétaire général du Syndicat national des chercheurs permanents (SNCP), affilié à l'UGTA, Smati Zoghbi, qui rappelle la situation sociale déplorable vécue auparavant par le chercheur algérien : “Avant la promulgation de ce statut et du régime indemnitaire qui l'accompagne, le salaire mensuel moyen d'un chercheur débutant ne dépassait pas les 28 000 DA, soit le plus bas salaire du pourtour méditerranéen. Aujourd'hui, un chercheur débutant peut toucher jusqu'à 85 000 DA. Mieux encore, pour les grades les plus élevés comme les directeurs de recherche et les maîtres de recherche, les revalorisations salariales sont nettement plus importantes avec des rémunérations qui se situent entre 200 000 et 300 000 DA par mois." Problème du logement : une raison de la fuite des cerveaux Malgré l'évolution positive de la question de la rémunération, le syndicat national des chercheurs estime, toutefois, qu'il y a encore des obstacles qui continuent à entraver le développement de la recherche scientifique en Algérie. Parmi eux, il y a la question de l'accès au logement, un problème jugé “crucial" pour l'avenir de la recherche scientifique en Algérie, car il constitue, de l'avis de M. Zoghbi, la “raison première" qui continue à pousser encore les compétences nationales à s'exiler sous d'autres cieux beaucoup plus rassurants. D'ailleurs, le syndicat promet de faire de cette question son cheval de bataille pour les prochains mois. “Les chercheurs ont certes bénéficié de meilleurs salaires, ce qui est encourageant, mais n'oubliez pas que les prix des logements sur le marché sont très élevés et largement au-dessus de nos moyens. D'un autre côté, en tant que salariés à revenus intermédiaire, nous sommes exclus des offres de logements sociaux", souligne Smati Zoghbi qui proteste contre “l'exclusion de la corporation des chercheurs" du programme de réalisation de 12 000 logements annoncé au profit du secteur de l'enseignement supérieur. Lourdeurs bureaucratiques Par ailleurs, le SNCP déclare ne pas comprendre les difficultés d'accès aux postes budgétaires destinés aux candidats à la recherche scientifique. “D'un côté, nous avons des ressources humaines détentrices de diplômes de master et de magistère qui chôment et qui ne demandent qu'à être employées, alors qu'en face la Fonction publique fait preuve de rigidité et complique les procédures de recrutement", accuse le secrétaire général du SNCP, qui envisage sérieusement l'idée d'un retrait pur et simple de la Fonction publique. “Au départ, nous étions considérés comme des agents publics, mais pour garantir la sécurité et la pérennité de l'emploi nous nous sommes battus pour intégrer le corps de la Fonction publique. Aujourd'hui, face aux lourdeurs bureaucratiques et aux lenteurs dans les recrutements et les avancements, on se rend compte finalement qu'on a commis une erreur", fait-il remarquer. L. S.