L'élection présidentielle aura lieu le 7 octobre au Venezuela, et Hugo Chavez poursuit son forcing, car il sait que ce n'est plus comme auparavant, et que même si les sondages le donnent gagnant, de nombreux électeurs se déclarent prêts à changer d'avis. Aussi puise-t-il dans le lexique des autocrates pour barrer la route à son rival, l'ex-gouverneur Henrique Capriles, un opposant libéral dont il a empêché sinon perturbé des meetings. Le président vénézuélien sortant a une nouvelle fois assuré qu'il était totalement guéri et capable de gouverner au moins jusqu'en... 2019. “Si je ne me sentais pas la force de gouverner six ans de plus, je ne serais pas là." Sa campagne médiatisée par des télévisions publiques, la seule chaîne privée émettant de l'étranger se déroule sur un camion circulant parmi des milliers de partisans, autour des cités populeuses de Caracas. Hugo Chavez a été opéré deux fois en 2011 et 2012 en raison d'un cancer dans la zone pelvienne dont la nature précise n'a jamais été révélée et qui lui valu de lourds traitements médicaux. Effacé sur la scène publique durant quelques mois, son retour a coïncidé avec le début de la campagne électorale, en juillet. Hugo Chavez a reconnu également avoir dû ralentir le rythme de ses activités: “Les premières années de gouvernement, je ne me reposais jamais. Mais le corps te rappelle que tu dois ralentir." Il a certes admis ne pas être parvenu à émanciper le pays de la rente pétrolière, qui représente 90% des ressources en devises du Venezuela, qui dispose des plus importantes réserves de pétrole au monde, pour demander plus de temps pour atteindre cet objectif. Réélu sans discontinuer depuis 1998, le président vénézuélien dit avoir “besoin de temps pour mettre l'activité économique en marche", alors que son modèle tout public a montré ses limites. Et comme cet argument n'en est pas un, le président sortant a prédit une profonde déstabilisation du pays si son rival était élu, affirmant que l'“opposition préparait un programme néolibéral occulte qui veut nous ramener à un Venezuela que n'y résisterait pas". Cette issue déboucherait selon lui sur un scénario désastreux de guerre civile ! Cette menace est une technique récurrente des autocrates dont Hugo Chavez excelle, comme par exemple au moment des législatives de 2010 où la droite a regagné des sièges. Il le fait aujourd'hui avec plus de vigueur, parce qu'il s'est rendu compte qu'il n'est plus autant en avance qu'avant. D'ailleurs, tribun inégalé parmi ses pairs, Hugo Chavez a refusé de débattre avec son opposant le qualifiant notamment de “médiocre", de “porc" et de “suppôt des capitalistes". D. B