“La situation en RDC est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l'opposition", a déclaré le président de la France, lors d'une conférence de presse commune à Paris avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Quelques heures plus tard, les autorités congolaises, par la voix du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, répliquait : “Si cette déclaration concerne tout le pays, c'est une évaluation qui ne correspond à aucune réalité." Le ton est donc donné à deux jours du coup d'envoi du sommet de la Francophonie à Kinshasa, le premier du genre en Afrique centrale. Le locataire de l'Elysée, socialiste, a-t-il d'ores et déjà étalé ses priorités dans les rapports qu'il entend instaurer entre son pays et le continent africain où la francophonie continue de sévir ? A s'en tenir à la déclaration devant le boss de l'ONU, François Hollande vient d'apporter lui-même une partie de la réponse en citant les questions liées aux droits de l'homme, à la démocratie et la situation sécuritaire, en prenant en exemple les interminables conflits qui agitent sans cesse l'est de la RDC. Selon François Hollande, la situation générale en RDC en rapport avec ces trois questions est inacceptable. Hollande tance Kabila parce que le président congolais est en lui-même la caricature de gouvernances décriées en Afrique. L'Elysée avait demandé cet été à celui-ci des efforts pour l'organisation et la transparence des scrutins à venir, le respect des droits de l'homme et de la justice. Ce dernier volet visait particulièrement le procès en cours des assassins présumés de Floribert Chebeya, militant des droits de l'homme tué à Kinshasa. Et à 24 heures du sommet, les projets de loi sur la réforme de la commission électorale et sur la création d'une commission indépendante des droits de l'homme n'ont toujours pas été votés. Quant au procès Chebeya, les prochains débats ont été reportés à la fin octobre, après le sommet. Si le chef de l'Etat français fait le voyage à Kinshasa, c'est pour en parler de vive voix, et ce n'est certainement pas pour montrer du doigt les dirigeants du pays hôte de la francophonie. Selon Paris, le président socialiste se servira de la tribune de la langue française pour recadrer la françafrique. “Il n'y aura pas de tabou ni de langue de bois", promet-on à l'Elysée. Mais face à des Congolais peu enclins à accepter les critiques, comme par ailleurs tous les autres membres de la famille francophone, y compris le carré de la françafrique, le sommet promet d'être tendu. D. B.