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le conseil de sécurité fixe un délai de 45 jours pour le dialogue
Les conditions de l'ONU pour une intervention au Mali
Publié dans Liberté le 14 - 10 - 2012

Alger a favorablement accueilli la résolution du Conseil de sécurité, estimant qu'elle reprenait plusieurs éléments de sa démarche.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, vendredi, à l'unanimité, une résolution appelant les organisations régionales africaines et les Nations unies à présenter sous 45 jours un plan d'intervention visant à reconquérir le nord du Mali, sous contrôle d'islamistes jihadistes. Les quinze pays membres du Conseil, qui ont souligné leur “grave préoccupation" à propos de la dégradation continuelle de la sécurité et de la situation humanitaire dans le nord du Mali et de l'enracinement croissant d'éléments terroristes, chargent le SG de l'ONU de travailler avec la Cédéao et l'UA pour présenter des recommandations “détaillées et praticables" en vue d'une intervention armée. C'est-à-dire, la feuille de route exhaustive de l'opération avec la liste des troupes d'intervention et l'évaluation des coûts. Le texte, mis au point par la France et soutenu par d'autres pays européens, invite en parallèle le gouvernement malien et les rebelles touareg à s'impliquer dès que possible dans un processus de négociation crédible.
Pour Alger, la résolution 2071 est “positive" en ce sens qu'elle reprend de “nombreux éléments" de sa démarche. Le porte-parole du MAE, Amar Belani, a indiqué qu'“il s'agit d'une résolution qui cristallise la convergence entre les différentes approches qui étaient sur la table et, à ce titre, nous la considérons comme positive car elle reprend de nombreux éléments de la démarche algérienne", avant de souligner que cette résolution “met les Maliens au centre de la recherche d'une sortie de crise dans leur pays". La résolution, a-t-il relevé ensuite, “appelle les autorités maliennes à engager un dialogue politique crédible avec les groupes de la rébellion touareg dans le cadre d'une solution globale qui préserve l'unité nationale, l'intégrité territoriale et la souveraineté du Mali et à condition que les groupes rebelles se dissocient des mouvements terroristes et des groupes qui leur sont affiliés, à savoir Aqmi et le Mujao".
“Par ailleurs, les pays voisins sont impliqués dans l'accompagnement du processus politique malien dans la recherche d'une solution viable", a ajouté le porte-parole, mettant enfin en exergue le fait que “la lutte contre le terrorisme reste l'objectif central de toute la démarche entérinée par cette résolution, ce qui rejoint, a-t-il affirmé, la position des pays du champ qui prônent l'éradication du terrorisme et de ses affiliés du crime organisé, y compris par le recours à la force".
Profitant de la confusion qui a suivi le coup d'Etat militaire du 22 mars, les séparatistes touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) devaient s'emparer du nord du pays avec le soutien d'Ansar Eddine. Des dissensions sont ensuite apparues entre les deux formations, Ansar Eddine récusant le séparatisme touareg engageant ses milices dans un combat pour l'instauration de la charia dans tout le pays. Mieux armés et bénéficiant de la participation d'Aqmi et du Mujao, l'autre franchise d'Al-Qaïda pour l'Afrique de l'Ouest, les jihadistes ont pris le dessus, neutralisant complètement le MNLA. Depuis septembre, le président socialiste français qui, ironie de l'histoire, vient de décréter la mort de la Françafrique, à Dakar et à Kinshasa, devant ses pairs de la francophonie, présentait son projet de résolution visant à inciter les autorités maliennes, la Cédéao et l'Union africaine à passer à la contre-offensive militaire. L'ONU a augmenté le délai préconisé par la France de 15 jours ! “C'est toute la communauté internationale qui se tiendra aux côtés des Maliens dans cet effort", a promis François Hollande au cours de son déplacement en Afrique, rappelant sans cesse que la présence de jihadistes dans le Sahel fait peser une menace terroriste sur toute la région ainsi que sur “les intérêts occidentaux". Reste maintenant à savoir quelle sera la part de la France dans l'opération. La France devrait avant tout offrir un soutien logistique à la force africaine qui sera déployée, mais pas d'hommes au sol, a indiqué Hollande.
Il faudra cependant attendre une deuxième résolution du Conseil de sécurité, celle de vendredi ne représentant qu'une étape intermédiaire avant l'adoption de l'opération militaire proprement dite. En effet, ce n'est que dans un deuxième temps, au mieux à la fin de l'année, et par cette deuxième résolution, que le Conseil autorisera le déploiement d'une force qui prendra de toute façon plusieurs mois. Il faudra au préalable reconstituer l'armée malienne mise à mal par un coup d'Etat et une défaite militaire face aux rebelles du Nord. En attendant, les pays membres de l'ONU et les organisations comme l'Union européenne sont sollicités pour entraîner et équiper l'armée malienne, qui devra mener la reconquête de son territoire avec les 3 500 hommes de la Cédéao.
L'UE envisage l'envoi rapide de 150 instructeurs militaires et une discussion aura lieu demain lundi à Bruxelles entre les ministres des Affaires étrangères. Une réunion se tiendra le 19 octobre à Bamako avec les principaux acteurs régionaux pour tenter de mettre au point une “stratégie cohérente". L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, l'ancien chef du gouvernement italien et ancien commissaire de l'UE, Romano Prodi, a du pain sur la planche.
D. B


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