Les ultranationalistes ont remporté les élections législatives de dimanche dernier en Serbie mais sans recueillir la majorité absolue que les trois grands partis pro-européens auront eux-mêmes du mal à obtenir, selon les premières estimations officieuses sur le scrutin. Le succès du Parti radical (SRS) de Vojislav Seselj mais aussi l'entrée prévisible au Parlement du Parti socialiste (SPS) de l'ancien président Slobodan Milosevic devraient permettre aux deux hommes, qui étaient candidats, d'accéder à la députation en dépit de leur incarcération dans la prison du Tribunal pénal international (TPI) à La Haye. Ils ne pourront toutefois pas siéger dans le nouveau Parlement. Le SRS a obtenu 27,5% des suffrages exprimés et devance le Parti démocratique de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica, qui a recueilli 17,4% des voix, selon le Centre pour des élections libres et la démocratie (Cesid), une organisation non gouvernementale. Le SRS et le DSS sont suivis par le Parti démocratique (DS) du Premier ministre serbe assassiné Zoran Djindjic (12,7%), qui contrôlait le gouvernement sortant, et le G17-plus de Miroljub Labus (11,4%). Deux autres formations, la coalition Mouvement serbe du renouveau (SPO)-Nouvelle Serbie (NS) et le Parti socialiste (SPS) de Slobodan Milosevic ont franchi le seuil des 5% des suffrages exprimés pour pouvoir entrer au Parlement, avec respectivement 8,2% et 7,6% des voix. La commission électorale avait fait savoir avant le scrutin que les candidatures de MM. Seselj et Milosevic avaient été acceptées dans la mesure où les deux inculpés n'ont jusqu'à présent fait l'objet d'aucune condamnation. M. Milosevic comparait pour crimes de guerre depuis février 2002 devant le TPI de La Haye. M. Seselj est dans l'attente de son procès. Selon les premières analyses du Cesid, le SRS et le SPS n'ont aucune chance de disposer à eux deux de la majorité absolue au Parlement et de former le prochain gouvernement. Mais les trois grands partis réformistes ne sont nullement certains de contrôler le Parlement, d'autant que M. Kostunica avait fait état, avant les élections, de son opposition de principe à toute alliance avec le DS. En tout état de cause, les trois mouvements pro-européens devraient s'entendre avec un quatrième partenaire pour tenter d'assurer une majorité parlementaire et mettre en place le futur cabinet.