Résumé : Hadja Taos a eu une discussion avec sa petite fille. Ce n'est pas la première fois qu'elle la met en garde contre les mauvais coups de la vie. Lynda, qui s'apprête à partir chez son oncle, lui promet d'être prudente. Elle la laisse le cœur tranquille. Elle n'aurait pas supporté d'être en froid avec elle... - Ta chambre te plaît ? demande Fella, l'épouse de son oncle, alors qu'elle regarde bien autour d'elle, ayant l'impression de rêver. Si quelque chose ne te plaît pas et qui peut être changé, n'hésite pas à nous le dire ! la prie-t-elle. On se fera un plaisir de le changer ! Mais Lynda trouve la chambre à son goût. Le lit est dans le coin et le bureau placé sous la fenêtre. à cet instant-là, la lumière du soleil est éclatante. Elle ne manquera pas de chaleur aussi. Elle sait qu'il y a encore d'autres chambres inoccupées. Seulement celle-ci est ensoleillée jusqu'à la tombée de la nuit. - Non, elle est parfaite... La garde-robe est grande, je pourrais y mettre toutes mes affaires ! Non, tout est bien... Mon linge sale, je le laverais où ? veut elle savoir. - Tu n'auras pas à le laver, lui répond Fella. J'ai une machine à laver dont tu pourras te servir quand tu en auras besoin ! - Maman a tout sauf une machine à laver ! remarque Lynda. Dommage ! - Tu devrais dire à ton père de lui en offrir une ! Ta mère commence à être fatiguée... Tes frères sont en âge de se marier, l'un deux pourrait se mettre la corde au cou ! - Ils feront tout sauf se marier, rétorque Lynda dont le visage s'est vite fermé. Ils sont insupportables. Dis Fella, est-ce que tes fils sont aussi comme eux ? - Dieu merci, non ! Sinon, je serais à l'asile depuis longtemps... Je dois reconnaître qu'ils n'en font qu'à leur tête, mais ils ne dépassent jamais les limites ! J'ai remarqué qu'entre toi et tes frères, le courant ne passe pas ! Pourquoi ? - Ils sont tout simplement jaloux de mes succès... En plus d'être intelligente, je suis belle... Ils ne supportent pas que les gens ne parlent pas d'eux ! Voilà pourquoi, lui apprend la jeune fille. Est-ce que tes fils sont aussi bêtes qu'eux ? Je ne voudrais pas avoir des problèmes ! - Je ne pense pas... Azzedine et Amine sont pris par leur travail, et d'après ce que je sais, ils savent apprécier les bonnes choses à leur juste valeur ! - Tu me rassures ! soupire Lynda qui craint vraiment que leurs relations soient tendues. Je vais les rencontrer quand ? - Ils ne devraient pas tarder à rentrer... Viens, allons préparer le goûter ! Lynda suit sa tante Fella à la cuisine et l'aide à préparer le goûter. En un tour de main, Fella a fait des crêpes légères au chocolat. Elle invite Lynda à y goûter. Celle-ci ne refuse pas et elle ne fait pas que goûter, elle en mange deux. Lorsque deux jeunes hommes entrent sans s'annoncer, elle manque de s'étrangler, avec la dernière bouchée, surprise. Le visage cramoisi, elle garde la tête tournée pendant un moment. Elle les entend chuchoter et rire. Elle se demande bien pourquoi. Le silence qui suit l'inquiète. Curieuse, elle regarde les intrus. Ils s'efforcent à ne pas rire. Elle se tourne vers sa tante et se rend compte que celle-ci lui tend une serviette en papier, depuis un moment. - Tu as du chocolat au menton et même sur le nez, dit l'un d'eux avant de se mettre à rire. Une gamine de deux ans aurait mangé sans se salir ! Et ça s'appelle bachelière ! - Laissez-la tranquille... Le chocolat a fondu dans les crêpes chaudes... Elle n'a pas pu s'en rendre compte, l'excuse-t-elle. Et puis, vous aussi, vous salissez vos chemises à table ! Lynda va à la salle de bains et se mord la lèvre quand elle constate qu'elle a du chocolat partout. Ils n'ont pas eu tort, une enfant aurait fait mieux qu'elle. Elle hésite à sortir de la salle de bains. Elle ne veut pas affronter leur regard tout de suite. Il y a longtemps qu'elle ne les a pas vus, et au moment où elle ne s'y attend pas, les voilà qui entrent sans s'annoncer. Ils auraient pu frapper avant d'entrer. Elle aurait fait attention à sa propre personne. Elle n'aurait pas cédé à l'envie de goûter aux crêpes. Elle ne se serait pas ridiculisée de la sorte. - Lynda ! Il y a un coup de fil pour toi ! lui crie sa tante depuis la cuisine. Fais vite ! La jeune fille pense tout de suite à son père. Elle ne tarde pas à sortir de la salle de bains. Ses cousins Azzedine et Amine sont en train de déguster les succulentes crêpes. Ils ont un sourire entendu entre eux. Sa tante Fella la prie de s'asseoir. - Je croyais qu'il y avait un coup de fil, dit Lynda. - Je m'excuse, répond la tante. Je voulais seulement que tu sortes de la salle de bains ! Les garçons tiennent à te demander pardon de t'avoir mise dans l'embarras (comme ceux-ci tardent à le faire), n'est-ce pas ? les presse-t-elle en les regardant sévèrement. Qu'est-ce que vous attendez ? Le déluge... Les jeunes hommes se taisent, toujours souriants. Lynda comprend qu'ils ne regrettent pas. Leurs excuses sonnent faux à ses oreilles. Mais elle fait l'effort de sourire à son tour, pour ne pas inquiéter sa tante. Elle les accepte même si au fond de son cœur, elle n'est pas près de leur pardonner. (À suivre) A. K.