Les pressions de Doha, Ryad, Paris et Washington ont eu raison des réticences du Conseil national syrien. Les formations de l'opposition syrienne réunies dans la capitale qatarie sont en effet parvenues hier à l'aube à un accord de principe pour constituer une coalition. En effet, les composantes de l'opposition syrienne ont paraphé hier à Doha un accord sur la constitution d'une “coalition nationale" pour unifier leurs efforts dans la lutte contre le régime de Bachar al-Assad, a déclaré un dirigeant de l'opposition. Le CNS a jeté le gant pour se fondre dans la Coalition nationale syrienne pour les forces de l'opposition et de la révolution, même si ses leaders déclarent qu'il reste à en peaufiner les détails. L'image des participants signant dans une cérémonie officielle l'accord de Doha ne doit pas faire illusion aux yeux des observateurs avertis. L'opposition syrienne est loin de recoller ses morceaux. Le CNS n'a-t-il pas traîné les pieds pour accepter l'initiative arabo-occidentale visant à fédérer l'opposition en une instance exécutive susceptible de traiter avec la communauté internationale et de canaliser les aides, de crainte de se voir marginalisé ? Les responsables du CNS ont eu des concertations en coulisses avec des responsables qataris, émiratis, turcs ou américains, pendant la réunion de Doha ouverte jeudi pour s'achever dimanche soir. Jusqu'à récemment, le CNS était considéré par la communauté internationale comme un “interlocuteur légitime", mais son manque de représentativité est de plus en plus critiqué, en particulier par l'administration américaine. Le plan prévoit la formation d'une instance politique unifiée d'une soixantaine de membres représentant les différents groupes de l'opposition, dont ceux animant le soulèvement de l'intérieur et les formations militaires. Cette instance devra à son tour constituer un gouvernement transitoire de dix membres, un conseil militaire suprême et un organe judiciaire. Alors, revient à l'esprit la question de savoir qui se cache derrière l'opposition syrienne ? Il existe différents groupes d'opposition disséminés en Turquie, en France, en Grande-Bretagne, et bien sûr en Syrie. Le bloc dominant est le CNS, dont le siège est à Istanbul et qui regroupe différentes personnes dont des intellectuels. Est-il soutenu par la population ? La question reste ouverte car c'est son ralliement à l'Armée syrienne libre (ASL) lui a donné un peu plus d'écho en Syrie. Mais le CNS est une auberge espagnole qui s'est retrouvée paralysé. En effet, la vraie force, ce sont sans conteste, les Frères musulmans qui au final rafleront la mise dans la lutte contre Bachar al-Assad : ils représentent la véritable force politique. La désunion de l'opposition syrienne est le résultat de 40 années de pouvoir patrimonial et autoritaire. C'est comme partout dans le monde arabe, il était impossible pour un quelconque mouvement d'opposition de s'organiser en Syrie. Ajoutons à cela que la Syrie est un Etat où la dimension ethnique et religieuse est essentielle. Un druze sera très réticent à soutenir un parti chrétien et un chrétien aura la même attitude de défiance vis à vis d'un sunnite, lequel est hostile à un chiite...Le régime des Assad a surfé sur ces contradictions qu'il a lui-même alimentées. D. B.