Un tombeau à ciel ouvert dans lequel gisait 102 corps calcinés. Voilà l'image que garde chacun de nous de ce drame survenu le 6 mars dernier. Le vol AH 6289 n'a jamais atteint sa destination. L'avion, de type Boeing 737-200, d'Air Algérie, en partance pour Alger à partir de Tamanrasset, s'est écrasé sans que personne puisse expliquer les vraies raisons de l'accident. Suite au choc, chacun y est allé de sa propre version. Les témoignages recueillis auprès de témoins oculaires, un mois après le crash, avaient révélé beaucoup plus que comptait le rapport préliminaire de l'enquête elle-même : Dès l'amorce de son envol, un bruit sourd s'est fait entendre et il y a eu comme une espèce d'explosion. Plus tard, on retrouvera des débris d'ailettes dispersés sur une distance de 800 m. Le moteur gauche perdait des pièces. Et c'est ce qui explique que nous ayons vu l'avion tanguer à gauche. Il ne devait pas être à plus de 30 mètres du sol. Le copilote, qui était alors aux commandes, a prévenu la tour de contrôle d'un “petit problème”. Les moteurs n'ont pas pris feu en plein ciel. Ils se sont disloqués, mais sont restés accrochés à l'appareil. Et ce n'est qu'au moment du crash que le feu s'est déclaré. Avec le choc, les canaux de carburant ont cédé ne laissant aucune chance aux passagers, nous a déclaré un cadre technicien à l'aéroport de Tamanrasset lors de notre déplacement avec une délégation de parlementaires en avril dernier. Il a fallu presque cinq mois pour que la commission d'enquête conclut la même chose. C'est au moment de l'entrée des trains d'atterrissage, soit 5 secondes après la rotation de l'avion, qu'un bruit a été enregistré. Le commandant de bord reprend le contrôle de l'avion jusqu'à la fin de l'enregistrement. La copilote annonce à la tour de contrôle de Tamanrasset : “Nous avons un petit problème.” 10 secondes après, l'enregistreur de paramètres relève l'apparition du bruit strich shaker (vibreur de manche). La voix synthétique mentionne le décroissement de la vitesse de décrochage. L'équipage n'a pas pu reprendre en main l'avion à cause de la dégradation des performances de l'appareil. Les deux moteurs ont été retrouvés séparés de l'épave principale. Quelle est, en définitive, l'origine du crash ? Pourquoi a-t-on retardé de trois heures le vol en question ? Comment expliquer que des membres de l'équipage avaient averti leurs proches d'un retard par une panne dans l'avion ? La commission décide d'approfondir ses analyses avant d'y répondre. La compagnie Air Algérie, pour sa part, s'est chargée d'indemniser en partie les familles des victimes. Ces derniers restent, toutefois intransigeants. Ils attendent de connaître la vérité… N. S.