Avec les premières roquettes israéliennes sur Gaza, je m'attendais à une réaction violente de la part du symbole de la résistance arabe dont je n'ai jamais hésité à faire l'éloge depuis les années quatre-vingt. Mais Hassan Nasrallah n'a pas bougé le petit doigt. La réaction logique et bien attendue devait être une pluie de katiouchas sur Israël, pour dévier son attention loin du mouchoir de poche appelé Gaza, le territoire le plus peuplé du monde qui souffre encore des séquelles de l'agression sioniste de 2008. Je me suis rappelé une vieille chanson des années soixante. Adamo chantait, aves sa voix remarquable: “Tombe la neige, elle ne viendra pas ce soir". Le tapis de bombes de Hezbollah n'est pas venu l'autre soir ni dans les jours après, pour soulager Gaza et desserrer la pression sanglante de l'aviation israélienne. J'avoue que ça m'a déçu, moi, grand admirateur de Nasrallah. Je savais que la ville palestinienne qui étreint jalousement les cendres de Hachem, grand-père du Prophète Mohamed, est une ville sous le contrôle de Hamas. Ce mouvement de résistance palestinienne était, jusqu'à il y a quelques mois, l'allié stratégique de tous ceux qui prétendent être “le Front arabe de la résistance" représenté par le régime syrien. Après le soulèvement du peuple syrien contre la tyrannie de la famille Assad, les dirigeants de Hamas se sont distingués par un refus catégorique d'accorder leur bénédiction à la répression du régime de Damas contre son peuple. Le bombardement israélien de Gaza survient quelques heures après la visite de l'Emir du Qatar, ennemi féroce de Bechar et grand souteneur de la résistance syrienne. Un message très clair apparaît derrière la fumée de bombes. Adressé à Hamas, le message dit, d'une façon claire, nette et précise : “Vous avez tournez le dos à Bechar, voila la réponse". Un autre élément s'ajoute à cette analyse sinistre. L'escalade que vit Gaza a une autre explication, c'est une tentative d'alléger la pression régionale et internationale sur le régime de Bechar, essoufflé par la résistance populaire, tenace, généralisée et, de plus en plus, mieux organisée. La première semaine de novembre a montré que le régime syrien joue sa dernière carte en faisant appel à des raids aériens, aveugles et hautement destructifs, ce qui a une seule explication ; le mouvement de ses troupes terrestres est pratiquement paralysé. Bechar a essayé d'internationaliser la crise en provoquant la Turquie, mais Erdogan n'est pas né de la dernière pluie. Il n'a pas réagi violemment, comme prévu par les conseillers de Bechar. La résistance syrienne a réussi à mieux s'organiser, en arrachant l'appui politique des puissances internationales. Une seule personne qui donne l'impression qu'il n'a rien compris, c'est Monsieur Lavrov, qui me rappelle le dernier ministre des Affaires étrangères du président Moubarak, considéré comme une marionnette entre les mains du général Souleymane, que Dieu ait son âme. Il me semble que l'agression contre Gaza vise à soulager le régime syrien qui n'arrive plus à utiliser ses forces terrestres contre une véritable révolte. L'objectif réel serait de détourner l'attention de l'opinion publique arabe et internationale du génocide perpétré par El Assad en Syrie. C'est donc un souffle nouveau pour un régime moribond. Si c'est avéré, c'est une preuve formelle de la complicité de Tel-Aviv avec les dirigeants de Damas, considérés encore par les naïfs comme le rempart de la nation arabe et son avant-garde contre le sionisme, l'impérialisme et toutes les maladies contagieuses !!. Ne pas voir cette vérité en face ne peut être qualifié que de myopie politique doublée d'une cataracte diplomatique. M. A.